« A propos de ma méthode de travail :
la première des choses, c’est l’état d’esprit.
L’allégresse. »
Alexander Calder
Réponses aux interrogations de Catherine
8 janvier 2008
Je viens une nouvelle fois vers vous car j’ai deux autres tableaux à vous faire découvrir :
le premier « la corne du toro » a été fait récemment
le deuxième « la quadrilla » pastel bleu peint à mes débuts (qui remonte à un an et demie).
Merci des vos envois. La corne du taureau semble contenir l’abondance de vos œuvres à venir… Je conserve vos scans dans un dossier avec ceux d’autres internautes. A l’occasion j’en sélectionnerai, avec votre autorisation, pour illustration.
Je vais vous dire comment je procède : j’esquisse au crayon à mine le dessin que je souhaite reproduire, puis je travaille avec les pastels.
La mine de votre crayon : est-ce du graphite ?
La mine graphite serait contre-indiquée en sous-couche du pastel car elle est grasse. Les matériaux gras doivent en théorie couvrir des matériaux moins gras et non le contraire, car le gras remonte à la surface. Mais on peut aimer les effets du pastel un peu luisant et ceux du graphite transparaissant sous le pastel. Le graphite sous-jacent pouvant être renforcé des reflets argentés de rehauts au graphite.
Si vous utilisez un crayon de couleur, (pigments mêlés à de l’argile pure et de la cire) le pastel aura tendance à un peu patiner sur le trait, sauf s’il est léger, étant donné que la texture du tracé de la mine est lisse.
Un dessin systématique avant le passage de la couleur risque parfois de s’apparenter à du coloriage aux dépens de la peinture et la fascination qu’elle procure quand la forme surgit de la couleur.
Le bâtonnet de pastel peut servir de crayon de dessin.
Je fais un tableau en deux heures. En principe, je n’y reviens pas dessus, je ne le fignole pas.
La spontanéité s’accorde à la nature intrinsèque du pastel, peu associée à la surcharge. Le pastel ne tolère pas la superposition de plus de deux couches de poudre. Plus les couches sont légères plus y circule librement la lumière. Un pastel trop travaillé tourne rapidement à l’épreuve terne et figée.
Sur toile, l’étalement de la couleur est un peu bridé par le parcours noueux des fibres du textile. La couleur doit être passée de façon insistante pour être uniforme. Sur support papier, le bâtonnet de pastel glisse. De ce fait, l’étalement du pastel est plus aéré, et laisse parfois sourdre la tonalité du support de papier, en résonance à la couleur poudrée.
Difficile, en effet, de préciser des détails au pastel sur la toile. La rusticité de la toile n’autorise pas des tracés méticuleux.
Est-ce normal ou suis-je trop rapide ?
La normalité n’existe pas en art !
Comment procédez-vous ?
Je travaille de façon impulsive et à l’instinct. Le plus souvent sous forme de séries et si possible d’après modèle vivant.
Ensuite, j’installe les tableaux au salon et du canapé je peux plonger mon regard de l’un à l’autre et ainsi les voir constamment. Là je suis très critique et je demande l’avis de mon entourage.
J’ai du plaisir à les regarder.
L’artiste reste à l’intérieur de son œuvre, il ne lui est pas possible d’être à la fois à sa fenêtre et de se regarder passer dans la rue. On ne voit bien qu’avec le regard d’autrui ! Ainsi les échanges critiques autour de l’œuvre sont pur bonheur. Ils donnent du poids à l’œuvre et encouragent l’artiste.
L’observation contemplative de vos œuvres est probablement un moment de réconciliation avec vous-même et, à ce titre, un bienfait.
La satisfaction la plus jubilatoire réside cependant dans le corps à corps avec l’œuvre en gestation.
Et quand un ami désire me l’acheter, je suis toujours triste de m’en séparer.
Cette tristesse est peut-être la conséquence d’une peur de l’inconnu, la crainte inconsciente de se lancer dans l’exploration de nouvelles oeuvres ?
L’acquéreur de l’œuvre fait acte d’amour. Son acquisition est le compliment suprême… et silencieux ! L’œuvre va alors commencer à vivre dans un environnement où elle sera reconnue et aimée. Sinon un jour elle risque de s’étouffer, entassée sous d’autres œuvres, et d’amoindrir en l’artiste la motivation de peindre. « Il dépend de celui qui passe que je sois tombe ou trésor » Paul Valéry.
On se sépare de la production matérielle, mais jamais de son esprit. La preuve est que l’œuvre d’art appartient à son propriétaire mais les droits d’auteur appartiennent à l’artiste !
L’œuvre terminée est une dynamique pour le commencement d’une autre, et non une fin en soi. La plus passionnante des œuvres est celle qu’on est en train de faire…
A suivre
Pastel sec sur toile (1)
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