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Tout comme le pastel sec, le pastel à l’huile peut se travailler de maintes façons. A partir de deux conceptions de base : en technique directe, on utilise le bâtonnet comme une craie, en technique mixte on intègre la couleur du pastel à d’autres médiums.
En technique directe la couleur s’applique directement sur le support à l’aide du bâtonnet utilisé sur la pointe, ou la tranche
Le bâtonnet étant le prolongement de la main, il se crée une intimité avec le support. L’influx de l’émotion qui passe par les doigts est instantanément transcrit sur le support sans déperdition de tension.
Dans la peinture, et notamment la peinture à l’huile, la brosse, la palette, imposent une distance avec le support. Par ailleurs, le fait de concocter ses couleurs comme il l’entend, autorise le peintre à l’huile à une réflexion et des spéculations sur le travail à venir. Avec le pastel à l’huile et ses couleurs prêtes à l’emploi, l’artiste navigue à vue !
Caractéristiques des couleurs prêtes à l’emploi
Le bâtonnet de pastel ne sèche jamais et reste ainsi toujours disponible. Point d’interruption pour recharger son arme !
Les couleurs toujours prêtes permettent à l’artiste de rester au contact de l’actualité de son œuvre en construction, de se concentrer sur l’urgence de peindre, d’être proche des sensations, de vivre son œuvre au présent sans schéma préconçu, d’y être immergé.
La gourmandise des couleurs offertes est source de motivation chez certains. Chez d’autres, qui aiment soigneusement préparer leurs couleurs ce sera une frustration de devoir s’adapter aux couleurs imposées.
La couleur, utilisée sporadiquement, pour le dessin, ou en rehauts, a beaucoup d’impact. Le pastel à l’huile valorise l’expression spontanée.
La commodité d’emploi, alliée à la richesse de la gamme de couleurs font du pastel à l’huile un excellent médium pour dessiner ou peindre en extérieur sur le motif.
Application de la couleur
Très peu de pastel suffit. La couleur est « communicative ».
Matériel : un bâtonnet rouge, un bâtonnet jaune. Support tombé sous la main : papier blanc à imprimante, bien que léger de grammage, suffisant pour un sketch
Le dessin des deux profils est exécuté au trait à l’aide du bâtonnet rouge
Entre les deux profils s’est ainsi creusé un espace
Le bâtonnet jaune est utilisé en aller-retour dans l’espace entre les profils
Dans la partie haute de l’espace, à l’aide du bâtonnet jaune un va-et-vient est exécuté entre les deux lignes rouges. Chaque fois que le bâtonnet jaune a un peu heurté du rouge, il l’a véhiculé et les deux couleurs se sont mêlées ; ainsi le jaune prend des tonalités chaudes
Dans la partie basse de l’espace, le rouge est dominant car les va-et-vient du bâtonnet de jaune entre les lignes rouges ont été plus insistants et des particules de rouge ont bien adhéré au bâtonnet jaune
Caractéristiques de l’étalement des couleurs : maniabilité du matériau, rapidité d’exécution, texture feutrée et crémeuse, couleurs agglutinantes
Le bâtonnet glisse sur le support, la couleur s’étale facilement et colle au support sans bavure ; elle obéit exactement au geste sans déborder.
Selon le support choisi, l’application de la couleur sera plus ou moins homogène. Ainsi, sur un support à relief, le pastel ne sera pas étalé uniformément.
Une trace légère laisse apparaître, comme à travers maille, des éclats de couleurs des dessous. Si les dessous sont clairs, remontera à la surface de la couche de peinture un scintillement de clarté.
Il est préférable d’étaler la couleur légèrement. Une couche trop épaisse devient statique. En outre, l’huile et la cire ne séchant pas, une humidité sera maintenue au cœur de l’œuvre.
Il est malaisé d’effacer une couche épaisse, que ce soit par grattage ou à l’essence. Toutefois on peut prendre le parti précisément d’intégrer les cicatrices de la surface altérée à la composition de l’œuvre.
Superposition
Les superpositions de couches au pastel à l’huile sont limitées, deux ou trois grand maximum, sinon les couleurs se brouillent et la matière se fige.
Le mélange des couleurs sur le support est pâteux, et des pelures se forment. Ces particularités sont dues à l’inertie étanche de la cire. Alors que dans la peinture à l’huile, le mélange docile des couleurs et les superpositions sont pratiquement illimités.
La quasi-impossibilité de la mixité des couleurs est une des caractéristiques du pastel en général. Le pastel sec à cause de la volatilité de la poudre qui n’adhère pas bien au support, le pastel à l’huile, à cause de sa consistance légèrement poisseuse qui fait avorter les superpositions.
La couche définitive du pastel à l’huile ne devrait pas être épaisse idéalement ! Mais peindre est le contraire d’idéaliser, et l’artiste trouvera toujours le moyen d’arriver à ses fins s’il souhaite travailler en épaisseur !
Improviser, aller de l’avant sans craindre de se tromper est toujours bénéfique, l’erreur étant source de découverte.
Pour compenser l’inaptitude au mélange des couleurs, les bâtonnets de pastel existent en une très large gamme de nuances.
L’artiste peut jouer aussi sur des effets d’optique : aplat, graphisme, estompe … pour pallier la difficulté du mélange des coloris.
Aplat
Un aplat est une teinte étalée sur le support de façon uniforme. L’aplat peut recouvrir rapidement une grande surface.
Des aplats de pastel à l’huile, sur un fond blanc, juxtaposés par contrastes simultanés (deux couleurs proches, un bleu et un vert par exemple) ou complémentaires (un bleu et un orangé par exemple), peuvent s’éclairer comme des vitraux !
Ci-dessous un aplat sur une grande surface :
œuvre de Richard Serra.
Reproduction extraite du magazine Beaux Arts Collection, « Collection Lambert en Avignon »
Richard Serra, « Japico II », 1990, pastel à l’huile sur papier, 225 x 185 cm
Graphisme
Toute ligne, toute écriture est exaltée par le pastel à l’huile.
Tracer des traits fins : stries, croisillons, pointillés en réseau de lignes qui laissent filtrer la lumière en provenance du support.
Par exemple sur papier blanc légèrement rugueux, des lignes bleu, croisées de lignes rouge et jaune sur le fond limpide du papier prennent une texture chaude de laine.
Si les lignes sont enchevêtrées jusqu’à ne plus percevoir la clarté du support blanc, la matière devient précieuse comme de la soie.
Estompe
Estomper le pastel sec demande du doigté. Le doigt tout de sensibilité effleure délicatement la poudre et aussitôt naît un halo mystérieux, qui serait détruit sous l’effet d’un estompage trop insistant.
Estomper le pastel à l’huile au contraire demande de la vigueur. Le pastel adhérant bien au support, est lourd à drainer, le doigt colle au matériau et peine. Des amas, comme des peaux, parfois se forment dans la couche de peinture. La couleur déteint sur les doigts !
Un estompage énergique convient au pastel à l’huile. Essayer d’estomper à l’aide d’une brosse dure, d’un chiffon… Ce procédé feutre la couleur, l’éclaircit, ainsi la matière devient subtile, douce, mate.
tache bleue et estompe
Sur une feuille de papier dessin blanc à grain un aplat épais de couleur bleu est étalé
La moitié droite de l’aplat est estompée fermement au chiffon. Sous l’estompe, le bleu dense original a pâli et donné des tonalités d’aquarelle. La matière granuleuse de verre dépoli est due au relief du support
Avec le reliquat de couleur bleu resté sur le chiffon lors de l’estompage, un essuyage du support blanc en prolongement de la partie estompée fait naître des dégradés délicats
Sur une surface ainsi transformée en un voile mat, des traits brillants de la même couleur bleu, tracés au bâtonnet, feraient des contrastes de matière ton sur ton
(Illustrations ML Joffre, sauf mention contraire)
A suivre Pastel à l’huile : technique mixte
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C’est géniale! J’ai enfin pu trouvé les consils que je recherchais pour les pastels à l’huile.
C’est vraiment bien expliqué et facilement assimilable.
Un grand bravo et merci!
DjFatalis