Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Jeudi 13 octobre 2005
8 heures 59
La mer est agitée
un grondement blanc arrive par rouleaux
en un déferlement de vagues écumantes
monte la mousse à l’assaut des galets gémissants
souffle le vent soufflent les vagues grondent
piaffent se grisent de blancheur effervescente
me poursuit une vague…
un pêcheur s’installe
un autre arrive
je le rencontre pour la première fois
c’est Michel de Cournonterral
il dit s’y connaître en pêche
aujourd’hui c’est le Marin qui souffle
on l’appelle le Grec ou encore le Corse
il se déclare après le premier quartier de lune
il est très bon pour pêcheurs et chasseurs
contrairement au Narbonnais qui vaut rien !
Michel fonctionne aux coups de lune
un pêcheur-jardinier en quelque sorte !
le ciel entier est lisse jaspé
comme l’intérieur d’un couteau de mer
un nuage frôle la brume d’un saignement
le vent moelleux m’enrobe
la plage de sable en avant-poste des galets
est submergée par les vagues
j’avance sur le chemin de sable pierreux
entre la mer fougueuse et les étangs paisibles
groupe de flamants roses immobile
le long des haies de sansouire
longeant le canal noyé dans les étangs
9 heures 23
atténué le tumulte de la mer
par le rempart de galets
ciel spacieux de tendre grisaille
la mer dirige sur moi
sa proue de vagues déferlantes
je sens sur mon visage des gouttelettes
…du ciel ou de la mer ?
je me rapproche de l’océan de vagues
dans le calme du ciel clair de lait
stagne la roseur du nuage
rejeté par la mer s’est effondré sur le rivage
un grand filet de pêche embrouillé
flotteurs rouge et cordages vert éparpillés
sable attendri
bruit furieux du gouffre de la mer
des tapis de vagues glissent à mes pieds
9 heures 49
le rosé du ciel s’éclaircit
une lueur lunaire dérobe le soleil blanc
aïe une mousse blanchâtre volette sur le sable !
collent au sable méandres jaunâtre
de mousse sèche
trône une énorme tresse de cordages
repliée comme un serpent
à tête de caniche
tombe une tiédeur avec le vent calmé
vague rougeur dans le sable du rivage
le Marin reprend son souffle
de blanc fouettée la mer
gronde comme un avion au décollage
j’en vois un dans le ciel mais ne l’entends pas
les avancées de vagues forment sur le sable
des miroirs de verre
rose imperturbable les nuées
rose à peine teintés les miroirs sablés
éruptives les vagues déferlantes
halte au blockhaus en ruine
envahi de sable à mi-hauteur
j’y trouve la gousse noire
de ce fruit sec asiatique
à quatre pinces de scorpion
une voiture sur la plage
abrite deux pêcheurs du vent
des mares glauques
cernées de mousse verdâtre
s’étalent au milieu de la plage
10 heures 25
le ciel s’éclaire
le nuage rosé se nuance d’orangé
son doux reflet sombre dans les vagues
ressuscite dans le sable coulant
10 heures 30
le sable aux flaques devient mouvant
je reviens sur mes pas
un des pêcheurs à la voiture
plongé de noir vêtu dans les vagues blanches
repêche sa canne à pêche
pas de soleil en vue mais sa luminosité
me fait pleurer les yeux
fixée à un jerrycan de plastique blanc
une grappe de moules
plage désolée de détritus
la mer renvoie ce qui s’y perd
blockhaus délabré
mer démontée
ciel obscurci
soupçon de nuées rose
je marche dans les décombres
un marcheur au crâne rasé
suit le bord de mer au pas cadencé
une bonbonne de plastique bleu foncé
a roulé jusqu’en haut de la plage
à l’horizon de Sète brume d’écume
les cohortes de vagues à l’assaut de la plage
ont transporté branchages et béliers de bois
le sable est tout mou d’être lavé
la vague rejetée est frangée
de mousse souillée
tant pis je me déchausse
et marche dans l’eau
ruisselle l’eau sur les mottes
de coquilles et galets
façonnées par le flux
Jeudi 13 octobre 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan – Vic la Gardiole, Hérault, France)
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