Réponse aux questions de Leszeck (voir toutes les questions)
….et pourtant j’ai déjà vu des réalisations très détaillées (les crayons pastel ou les craies sont certainement les outils qu’il faut pour les détails)
Le pastel se prête aux détails en fonction de la technique de l’artiste. Par exemple si les couches de pastel sont fines ou estompées elles accueilleront convenablement tout complément de poudre. Si la surface est travaillée aux traits, elle fera naître tout naturellement des détails fondés sur la superposition des couches en réseau. La fixation du pastel, bien entendu, permet des réalisations très détaillées. Quentin de la Tour atteint des sommets de virtuosité dans les détails de matière et de texture, cf. ci-dessous le portrait au pastel de Madame de Pompadour. Format 1,75 x 1,28 m. La composition du fixatif de très bonne qualité utilisé par le pastelliste n’est pas connue.
Par ailleurs, il y a des alternatives, des dialogues d’artiste avec son matériau pour nourrir son oeuvre de foisonnement sans forcément accumuler les détails. Cf. le pastel de Vuillard, place Vintimille : dans le grain de la poudre rapidement dispersée, dans la facture de la poudre du bâtonnet qui diffuse ou qui se fait poreuse comme du cartilage, on peut imaginer des frémissements de matière toujours renouvelés. L’impétuosité des traits parvient à nourrir, enrichir le pastel comme s’il était très circonstancié ! Les extrêmes se rejoignent parfois !
En outre, le recours à des techniques mixtes (techniques mixtes = utilisation de plus d’une seule technique pour la réalisation d’une œuvre) enrichit le pastel et par conséquent conforte les détails. Voir ci-dessous des exemples de pastel travaillés avec gouache, craie, crayon
La gouache
La technique des dessins de la Renaissance à la sanguine ou à la pierre noire, rehaussés de gouache, sied au pastel. Des rehauts de peinture au trait émaillent les pastels du XVIIIe siècle. Rosalba Carriera, une des premières portraitistes, donne relief à tel détail lissé de ses pastels très estompés, ornements d’un décolleté ou d’une cravate, au moyen d’éclats de gouache blanche.
Portrait de Gustavus Hamilton, 2e Vicomte Boyne par Rosalba Carriera. 1730 – 1731. Pastel sur papier marouflé sur toile. 42,9 x 56,5 cm.
Les craies
Les craies légèrement grasses, comme la sanguine ou le graphite, adhèrent bien au pastel. De plus le trait acéré sur la pointe ou l’arête du bâtonnet de craie se prête à la finesse des détails.
Les crayons
En principe les traits au crayon sont un bon complément structurel à l’indécision de la poudre de pastel. Les crayons pastel manquent un peu de corps et de contraste pour le tracé de détails précis. Le crayon noir est plus résolu.
MILLET La méridienne, 1866. Crayon noir et pastel sur papier Vergé. 29.2 x 42 cm. Museum of Fine Arts, Boston. Propriétaire Don Quincy Adams Shaw.
Beaux contrastes à la luminosité, les ombrages, approfondis de lignes au crayon noir. Cliquer sur l’image pour l’agrandir
L’alliage des crayons de couleur et des pastels sur papier gris procure une grande douceur à l’œuvre donnant ferveur à la dynamique des tracés affilés des herbes et frondaisons. Cliquer sur l’image pour l’agrandir
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………