Publication du texte » Mundos virtuales » ou la peinture dématérialisée de Silvia Velázquez dans la revue étoiles d’encre 53-54 des éditions Chèvrefeuille étoilée
Mundos virtuales
ou
la peinture dématérialisée de Silvia Velázquez
Stratège de géométrie dans l’espace, exponentielle, la peinture de Silvia Velázquez se dilate d’énergies Yin Yang. Des lignes droites, s’entrecroisant de perspectives souples construisent toute sorte de figures strictes en illusion de la 3D, figurent des vagues de flammes qui se répondent, se repoussent, se rejoignent, se touchent, s’épousent. Ces entrelacs de tonalité ocre-rouge, rigoureusement élastiques, où l’on imaginerait volontiers Spiderman voltiger, mettent en scène comme des rideaux, des trouées de ciel, bâti de carreaux de froidure. Pavés de verre ou de glace tirés au cordeau, aériens et statiques à la fois, version design de carrelages azulejos qui ont pu bercer l’enfance de Silvia en Uruguay ? Il émane, de ces casiers bleutés de lumière, une mosaïque parfois feutrée comme la mémoire et tout un imaginaire. Voilà qu’une stalactite révèle un trèfle ; la pensée, l’idée de la nature surgissent mais nullement la sensation de la nature. C’est l’esprit qui est sollicité dans cette peinture de métamorphose avec pour questionnement l’avenir à tailler dans une vision de diamant.
Mundos virtuales 10
La peinture novatrice de Silvia Velázquez nous introduit dans une cathédrale de vitraux dématérialisés. On y ressent l’influence du numérique qu’elle détourne avec virtuosité à ses fins. Les œuvres, stylisées à l’extrême, et fondées sur une dualité de contrastes, sont peintes avec un soin minutieux à l’acrylique sur support de toile. Son style géométrique séquentiel est voué à l’immatérialité, quand l’art virtuel souhaiterait retranscrire le foisonnement du vivant. L’artiste ne donne pas corps à sa peinture ; de surcroît elle est en rupture avec l’aspiration à la matière qui habite les artistes depuis toujours ! C’est l’abstraction du concept qui l’inspire ; ainsi la texture émaciée du matériau acrylique devient-elle toile d’araignée. Par ailleurs, ce travail participe plus du graphisme que de la couleur, réduite à une douce bichromie. Une dynamique d’épure et d’ondes de lumières tamisées nous a accrochés aux mailles des filets…
L’art en réseau de Silvia Velázquez est si lapidaire que le tout s’y inscrit à l’infini de la rose des vents. Son architecture de vitrail, d’ogive, nous fait planer dans la spiritualité d’étoiles où l’on entend les oiseaux. Le coucher de soleil joue sur la glace du matin des points cardinaux.
Marie-Lydie Joffre
18 juin 2012
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