au Jardin des Plantes de Paris
Archives mensuelles : février 2019
Le jardin des plantes comme lieu d’expression
Propos recueillis par Sandy Berthomieu
Durant une dizaine d’années, l’artiste Marie-Lydie Joffre arpente les allées du Jardin des plantes de Montpellier fondé au XVIème siècle afin de capter le frisson des arbres. Les Editions Chèvre-Feuille étoilée présentent pour la première fois son travail dans l’ouvrage « L’Art Branché ». Le temps organique des arbres rejoint les longues observations s’imprégnant, feuilles après feuilles, d’une grande sensibilité et de poésie.
Pourquoi avoir choisi un tel décor pour ce travail sériel ?
Je réside à quelques pas du Jardin des plantes, j’ai pu me rendre au cœur de cette nature tôt le matin avant l’ouverture au public. C’est un privilège. A travers les arbres, j’ai recherché l’âme de mon père lorsque j’étais encore enfant. Ces figures majestueuses m’ont toujours impressionnée, telles des sculptures vivantes. Au départ, j’étais inhibée par ce sujet, peu à peu je l’ai apprivoisé. Je ne cache rien, je ne peux pas, je représente les arbres sans feuilles, le tronc, les branches, la structure…
La technique révèle une légèreté…
Au début, je travaillais au pastel, avec cette poussière très fine, puis j’ai pris confiance et je me sentais plus libre d’utiliser le fusain, les lavis et l’encre. Ce retour aux arbres est vécu comme une libération, un lâcher-prise. Je ne vois pas ce que je dessine, je le ressens ! Je suis portée par l’allégresse du moment, mon crayon glisse sur le papier comme au vent. Avec l’idée de garder une simplicité, c’est ma main qui conduit, parfois de manière frénétique dans des dessins consécutifs.
Vos œuvres sont associées à des écritures poétiques, quel a été le cheminement ?
Effectivement, parcourir ce livre c’est faire un chemin. Il était important de ne pas tourner les pages systématiquement, aller au-delà de la représentation pour vivre quelque chose dans cette découverte. Ainsi, j’ai souhaité associer des poèmes suivant mon ressenti. Les textes sont indépendants, ils ne sont pas écrits pour illustrer mais pour apporter une autre dimension, une vitalité.
Pourquoi ce travail prend t- il la forme d’un livre ?
Cela s’est imposé parmi tous les dessins additionnés jusqu’à présent. Il y a eu une respiration dans ce travail, c’était le moment pour le montrer, j’avais un besoin. L’arbre est un motif qui me tient à cœur, j’en dessine depuis presque vingt ans. Aucun arbre ne se ressemble, le travail est très gestuel, j’aime que cela me dépasse, me surprenne. Pour l’instant je suis trop dans la vie de ce livre pour me consacrer à une exposition. L’objet-livre… si on ne partage pas, est-ce que c’est de l’art ?