Scansio
Carole Menahem-Lilin
Poèmes inspirés par les Platanes de décembre de Marie-Lydie Joffre
En-rein-cinés
dans ce monstre immobile
qu’est le sol,
hissé de racines
tressage de ciel,
Platanes, nom masculin
marbrures féminines.
Frôler, provoquer, désirer,
flatter du bout des racines,
du coin du creux,
de la pulpe des sèves,
Puis se replier
dans ses feulures
vertiges de feuillages.
En-rein-cinés
dans l’intime façonnage
en berceau-expansion.
Un chemin prend acte ici,
venant d’on ne sait pas,
allant on ne sait où.
Qu’importe d’où s’origine
ce poing ouvert,
cet allant fermé.
Qu’importe d’où se décide
le secret.
Un chemin prend pacte ici,
de soi à soi.
Regard d’écorce,
coïncidence de haies vives.
Et ces marquages
tel un visage épris
de sa vérité.
Tango embrumé
la haute étreinte des platanes.
Un sein pointé
orteils tendus
sexe incurvé.
L’hiver, désir traverse.
Epaules rejetées
tremblement des poignets
dédoublement cambré.
L’hiver, désir traverse.
Dédoublement cambré,
Amour es-tu ?
Au risque du bois.
Ce moment où l’on ne sait plus
ce que l’on sait,
ce que l’on veut.
Sans cet hiver
qui nous traverse,
Sans cette flamme
qui nous rencontre,
Il n’y a ni intelligence
ni création
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Il faut lâcher pour saisir
Il faut musique pour la danse.
Mais lâcher au moment juste
bondir dans la justesse.
Se saisir du monde
Comme cause de soi.
De son existence
dans ce moment précis.
L’existence confirmée
par instants de beauté consciente,
immanence concertée,
nombres ployés.
L’exacte plénitude
de la libellule
à l’instant de la mue.
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(Un) seul
haussé,
captif de la fêlure.
Captivé
par l’au-delà
possible.
Par ce chant des possibles
que libère
l’empoignement d’être soi.
La poignance d’être soi
forme et racines
corps et fêlure.
Plat-tane.
A plat dans le temps
désordre repu
et création monde.
Et soi, humaine créature
déterminée par les ans
et la fiction.
On nait dédoublé
…………………………
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On survit dans le plusieurs (On pense seul, pourtant.)
L’empoignement d’être en soi
mais
de comprendre l’autre.
Lutte entre soi et sois(s)
Entre soie
et l’orage du sol racinaire.
Nous sommes ici,
d’autres ont été et nous traversent.
Pourtant l’ici et maintenant
seul nous frissonne
tel un accord plus exact
une beauté
convulsive, encordée.
Ces instants où l’on ne sait plus
ce qu’on sait
ce qui veut
ni qui l’on nait.
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