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Maternité, « Bien commencer son allaitement »


Reproduction d’une « Maternité » de Marie-Lydie Joffre (pastel et sanguine)

sur l’affiche du Service Protection maternelle et infantile
Direction de la solidarité
Conseil Général de la Charente

Semaine mondiale de l’allaitement du 16 au 20 octobre 2006

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Les étangs le ciel la mer s’aimantent

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Lundi 24 octobre 2005

9 heures 45

Prairie d’herbes émeraude
bulle grise de l’étang de Vic
bois sombre des Aresquiers
aux senteurs de résine de pin
puis du haut du pont rebondi
sur le canal du Midi
on plonge
dans les reflets de l’infini
les étangs le ciel la mer
s’aimantent
là si près

bel ensoleillement
aux lendemains de fortes pluies
la mer proprette
sous son reflet clinquant
est douce méditerranée
paisibles les vaguelettes
flottantes

je suis vêtue d’été
un pêcheur ajuste son moulinet
un autre les mains dans le dos
arpente le bord de l’eau
pour surveiller
un troupeau de cinq cannes

qu’il est doux
le bruit des vagues à l’oreille
pas un pouce de vent
et ce soleil frôlant l’été
ombrant doux les galets

un fil de pêche étincelant
se tend au reflet incandescent
Loulou est là avec ses potes
on plaisante
tout est complet
ne manque rien à la bonté

10 heures 25

une brise légère se lève
tout près de l’eau
j’arpente prudemment
les gros galets arrosés
puis monte chercher un équilibre
sur la dune aplatie de galets
sous mes pieds les galets craquent
croquent comme le cheval qui mange

10 heures 40

en haut de la plage de sable feutré
deux nus dans les dunes conversent

le reflet scintillant
propage dans son sillage
des gouttelettes de brillance
le vent se renforce
ciel bleu pâle
mer bleu estival

je me mets à marcher pieds nus dans l’eau
sur des bancs de sable où se croisent les flux
autour de mes chevilles
l’eau est cristalline et pas froide
ici un divan de sable
m’invite à m’asseoir

sac à dos et vêtements vite posés sur la plage
me voilà au contact intime du sable
dans l’eau du reflet
à me masser de sable fin trempé
la vague me rince
peu à peu je me glisse dans l’eau
les vagues me caressent la peau
me laisse flotter au gré de la vague
fouetter par les vagues mousseuses
porter par l’onde onctueuse
m’ouvre à la caresse
du soleil dans l’eau

Lundi 24 octobre 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan -Vic la Gardiole, Hérault, France)

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Le plein soleil

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Jeudi 20 octobre 2005

9 heures 50

Ah Loulou est là !

l’aigue-marine navigue dans ses yeux
le soleil va sortir

il voudrait bien des coques vivantes
pour pêcher à la ligne
mais il sait que la mer les garde

blanc comme la pleine lune le soleil
défile derrière un voile de nues
le transperce
un reflet métallique
illumine la mer
la mer gris vert
aux vagues blanches remuées
la mer pleine d’air siffleur à mes oreilles
la mer moussante du ciel
de crêtes neigeuses
sous dômes d’azur

l’herbe sent le moisi
noir argenté la mer
puis noir grisé la mer
un trait d’argent illuminant
la sépare de l’horizon
flots gonflés
étangs au calme
pas d’oiseaux

le reflet se dilate
un éclairage instantané
fait voir jaune
se rétracte le trait d’argent

à l’Est la mer se teinte aigue-marine
se propage le vert éclairé du dedans
sous la perçante percée du plein soleil blanc
tout se réchauffe
mon ombre pousse
reflet de brillance vert chaud
cris fins d’oiseaux

des herbes fil ont poussé parmi les galets
la dune de galets me protège
de la houle vert jade

le vacarme reprend avec la plage de sable
deux pêcheurs l’un pêche l’autre fume
sable garni de fétus de bois et pas mal de détritus
un filet de pêche a capturé un tronc d’arbre

le sable est moquette qui a pris l’eau
les vagues attaquent avec le vent
remontent haut la plage
des troncs d’arbres

monte le lait des vagues
se fripe le reflet argenté
un papillon jaune bouton d’or titube au vent
métal galvanisé le reflet
électrisé du haut soleil

10 heures 45

sortie franche du plein soleil blanc
des nuages blancs
me réchauffent la peau
les nuages bas ont grisaillé
bain de bleu sur la mer
trouées turquoise et bleu
dans le ciel floconneux

le blockhaus est cerné de vagues
un extra-terrestre longe la plage à grande vitesse
c’est un ami pêcheur sur son squad jaune
on se hèle au passage

ici le sable est tout lavé de beige
le flot a repoussé les détritus vers les dunes
de petites méduses gisent sur le sable
rosâtre de gelée
j’ai la paume des mains rose d’humidité

Jeudi 20 octobre 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan – Vic la Gardiole, Hérault, France)

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Le Marin le Grec le Corse

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Jeudi 13 octobre 2005

8 heures 59

La mer est agitée
un grondement blanc arrive par rouleaux
en un déferlement de vagues écumantes
monte la mousse à l’assaut des galets gémissants
souffle le vent soufflent les vagues grondent
piaffent se grisent de blancheur effervescente
me poursuit une vague…

un pêcheur s’installe
un autre arrive
je le rencontre pour la première fois
c’est Michel de Cournonterral
il dit s’y connaître en pêche
aujourd’hui c’est le Marin qui souffle
on l’appelle le Grec ou encore le Corse
il se déclare après le premier quartier de lune
il est très bon pour pêcheurs et chasseurs
contrairement au Narbonnais qui vaut rien !
Michel fonctionne aux coups de lune
un pêcheur-jardinier en quelque sorte !

le ciel entier est lisse jaspé
comme l’intérieur d’un couteau de mer
un nuage frôle la brume d’un saignement
le vent moelleux m’enrobe
la plage de sable en avant-poste des galets
est submergée par les vagues

j’avance sur le chemin de sable pierreux
entre la mer fougueuse et les étangs paisibles
groupe de flamants roses immobile
le long des haies de sansouire
longeant le canal noyé dans les étangs

9 heures 23

atténué le tumulte de la mer
par le rempart de galets
ciel spacieux de tendre grisaille

la mer dirige sur moi
sa proue de vagues déferlantes
je sens sur mon visage des gouttelettes
…du ciel ou de la mer ?

je me rapproche de l’océan de vagues
dans le calme du ciel clair de lait
stagne la roseur du nuage

rejeté par la mer s’est effondré sur le rivage
un grand filet de pêche embrouillé
flotteurs rouge et cordages vert éparpillés
sable attendri
bruit furieux du gouffre de la mer
des tapis de vagues glissent à mes pieds

9 heures 49

le rosé du ciel s’éclaircit
une lueur lunaire dérobe le soleil blanc

aïe une mousse blanchâtre volette sur le sable !
collent au sable méandres jaunâtre
de mousse sèche

trône une énorme tresse de cordages
repliée comme un serpent
à tête de caniche

tombe une tiédeur avec le vent calmé
vague rougeur dans le sable du rivage
le Marin reprend son souffle

de blanc fouettée la mer
gronde comme un avion au décollage
j’en vois un dans le ciel mais ne l’entends pas
les avancées de vagues forment sur le sable
des miroirs de verre
rose imperturbable les nuées
rose à peine teintés les miroirs sablés
éruptives les vagues déferlantes

halte au blockhaus en ruine
envahi de sable à mi-hauteur
j’y trouve la gousse noire
de ce fruit sec asiatique
à quatre pinces de scorpion
une voiture sur la plage
abrite deux pêcheurs du vent

des mares glauques
cernées de mousse verdâtre
s’étalent au milieu de la plage

10 heures 25

le ciel s’éclaire
le nuage rosé se nuance d’orangé
son doux reflet sombre dans les vagues
ressuscite dans le sable coulant

10 heures 30

le sable aux flaques devient mouvant
je reviens sur mes pas
un des pêcheurs à la voiture
plongé de noir vêtu dans les vagues blanches
repêche sa canne à pêche

pas de soleil en vue mais sa luminosité
me fait pleurer les yeux
fixée à un jerrycan de plastique blanc
une grappe de moules
plage désolée de détritus
la mer renvoie ce qui s’y perd

blockhaus délabré
mer démontée
ciel obscurci
soupçon de nuées rose
je marche dans les décombres
un marcheur au crâne rasé
suit le bord de mer au pas cadencé
une bonbonne de plastique bleu foncé
a roulé jusqu’en haut de la plage

à l’horizon de Sète brume d’écume
les cohortes de vagues à l’assaut de la plage
ont transporté branchages et béliers de bois

le sable est tout mou d’être lavé
la vague rejetée est frangée
de mousse souillée
tant pis je me déchausse
et marche dans l’eau

ruisselle l’eau sur les mottes
de coquilles et galets
façonnées par le flux

Jeudi 13 octobre 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan – Vic la Gardiole, Hérault, France)

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La mer moire

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Jeudi 6 octobre 2005

8 heures 38

La mer est en soie
chamarrée marbrée
vibrante feuille aluminium
feux laiteux de nacre
reflets chatoyants arc-en-ciel

à l’horizon vapeur de feu sans flamme
soleil moiré de nuages
sur les flots une ligne blanche
souligne le ciel
dans l’eau nacrée jusqu’aux cuisses
un pêcheur

assise sur les galets
je glisse dans les soieries
et le calme des vagues
tout lustré d’irisé

un reflet comme s’il pleuvait
hérisse de brillants la mer

descendue d’une voûte d’azur
lueur bleutée infiltre l’eau
vapeur de feu rougeoie en son milieu
soleil dans les duvets
ceinte de nuages moelleux
plane une apesanteur turquoise
sur La Grande Motte évanouie

doux flux onctueux

8 heures 49

une brusque percée de soleil blanc
percute les flots d’un zigzag
de mercure éblouissant
s’enfuit le reflet avec le soleil

8 heures 52

je me relève
moussent les vagues
la mer bleuit turquoise
dans la vapeur
stries des rayons en diagonale
oeillades de soleil haut
dans les nuages sombres
ombres des rayons
alignées sur la mer

9 heures 06

il fait frais légère brise
des pêcheurs ont allumé
un feu de bûches sur les galets

sur la mer que du nacré
l’intérieur si doux de la coquille
moutons au ciel sur fond d’azur
la vapeur de feu a perdu son feu
pâle fantôme repose sur une ligne
sombre d’horizon

9 heures 17

le soleil émergé d’un pommelé géant
largue des rayons surnaturels
sur le bronze patiné de la mer
la panse des vagues est d’émail flammé

dissimulé le soleil blanc-bleu
par un claustra de nuages
diffuse de larges rayons de fumée bleue
dans la lumière rose ocrée

un éclairage de projecteur
réchauffe le sable
le soleil a bu les nuages
reflet blanc cru

9 heures 32

la mer est bleue

deux pêcheurs de tellines
dans l’eau jusqu’à la taille
raclent le fond sablonneux

Jeudi 6 octobre 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan – Vic la Gardiole, Hérault, France

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Soleil dans les vapeurs

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Dimanche 25 septembre 2005

7 heures 45

Pourquoi c’est si beau :

la mer grise effleurée de rose
le ciel gris découpé de crêtes
en échappées de fumées roses
le sable ambre-gris
les cannes à pêche arachnéennes
tendues au ciel dans l’eau
les vagues au ralenti
la douce brise enrobée d’humidité
la voûte céleste marbrée de rose et bleu ?

les nuées roses se font nettes sur les crêtes
surlignées d’un trait de pastel lumineux
puis de feu
des lèvres rose incarnat avalent le soleil

le moutonnement du ciel descend
sur l’horizon de la mer grisée
surnage une longue anguille des abysses
cernée de feu

trois pêcheurs assis en demi-cercle dans leur fauteuil
leurs cannes à pêche alignées dans le flou
sont aux premières loges du temps

8 heures

là-haut dans la brume grise
se glisse une perle d’or

suspendues au bleu du ciel
nues pommelées ivoire

peu de vagues à la mer

apparition d’une buée de soleil
puis d’un quartier de soleil orangé
aussitôt avalé par les lèvres
rose tête de mort

un nuage de luminosité
transperce la brume laiteuse
reflet sur la mer effleuré

tout devient d’opacité pâle
juste deux traces de nues en couleur
rose tendre abricot lumineux

mer moelleuse vent chargé d’humidité
le soleil dans le nuage abricot
éclaire le nuage rose

un jeune pêcheur allongé sur la dune de galets
ses trois cannes plantées dans les galets
savoure la prise d’une belle daurade

s’évaporent les nuages colorés
effacé le subtil reflet sur la mer

8 heures 25

je suis moite de froid
ciel mou flux nonchalant
soleil disparu dans les brumes
le ciel se referme sur la dernière trace
la rose

dans la voûte du ciel
nuages blanc flous sur fond bleu
mer gris d’huître
une nuée de mouches attaque un fruit pourri
rien de visible sur l’horizon gris
sur terre massif de La Gardiole en apesanteur

première rencontre
un jogger essoufflé
a la force de répondre à mon sourire
ici le sable craque sous les pieds
les vagues sont agitées sous le vent
oh un bateau fantôme à l’horizon
et au ciel
un perlé jaune paille à la place du soleil !

le vent forcit
j’ai les doigts engourdis

8 heures 48

je me sens mouillée de froid
le vent ne parvient pas à me sécher
le perlé s’est déployé
y luit une perle satinée de blanc
aussitôt évanouie
reflet invisible
tout est gris

9 heures 16

le vent ralentit mon pas
je fais une pause en direction des étangs
traversée d’une étendue de sable
tapissée de larges galets plats ponceux
on dirait des maquettes
de sculptures d’Henry Moore

sur les étangs tout est humide stagnant
et plein de cris d’oiseaux
fines aigrettes en lisière de buissons
flamants roses alignés comme pour la parade
mouettes virevoltantes
bruit d’hélicoptère invisible

les hautes herbes commencent à jaunir
cathédrale de Maguelone
dans un brouillard d’arbres
ciel dilaté de brume
retour à la rumeur de la mer

entend-t-il la mer le vététiste sous son casque ?
j’ajuste mon chapeau protège vent

9 heures 34

je fais demi-tour à l’arbre allongé
demi enterré noyé dans le sable du rivage
je reçois le vent dans le dos
et la sensation de chaleur
revient le vététiste le long de l’eau
se plante dans un gendarme couché de coquilles

la mer gris acier roule placide
de glissade en glissade
une impression vert turquoise
monte des profondeurs
des bateaux et un grand voilier fantôme
glissent à l’horizon de brume blanche
une mouette survole lentement les flots

le soleil sort sans se montrer
le ciel est tout baigné de brume
un autre grand voilier
défile dans le sillage du premier
la brume s’illumine
je mets les lunettes de soleil

10 heures

mais je rêve… un grand voilier glisse
en sens contraire des deux autres
….. c’était un mirage
il n’y avait qu’un seul voilier !
me désoriente la brume

dans la voûte du ciel au-dessus de la mer
s’ouvrent des blocs de neige sur un soleil-lune
défilant derrière un écran d’ambre bleuté
se referme le glacier de nuages sur le blanc soleil

et ce bruit sourd de tonnerre à intervalle régulier
semblant monter du gouffre de la mer
qu’est-ce que c’est ?

un coup de soleil
réchauffe le sable au loin
sur la mer sautille le reflet
vite
nus les pieds dans l’eau transparente
se faire prendre les chevilles
par le tourbillon
des vagues

Dimanche 25 septembre 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan – Vic la Gardiole, Hérault, France)



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Eclats de soleil flotté

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Jeudi 22 septembre 2005

7 heures 31

Arrêt au bois des Aresquiers
sans crier gare
jaillit le soleil d’une brume bleuâtre

boule de feu coquelicot
les parcelles d’étangs bordées de sansouire
lui tendent leurs miroirs silencieux
lustrés de gris mauve
glissent des ombres d’oiseaux d’eau sur l’onde lisse
le gris mauve se teinte vermillon
se teinte cuivre jaune
un morceau de soleil rouge s’y reflète
les oiseaux s’envolent au bruit de ma portière
se posent plus loin sur l’onde bleutée

7 heures 35

ça y est plonge dans l’eau le soleil
devenu boule orangée d’or
argente l’eau d’éblouissement
l’étang se moire de raies
mauve blanc et gris argenté
y tracent les oiseaux des sillages
bruit de la mer assourdi de brume

un seul pêcheur sur la plage
avec sa brise et son reflet sur la mer
un froid humide me transperce
j’ai les doigts glacés
kway et gilet de laine en cache col

au loin trois cannes à pêche
ponctuent la mer
ciel bleu faible en arrière
une demi-lune s’y délite
la grande dune de galets gris
ourlée de galets mouillés
se profile sur le soleil bien ancré

8 heures 8

couché sur les galets en pente
presque totalement effeuillé
racines emmêlées rouge henné
gît l’un des « Quatre arbres »
peints par Egon Schiele

mes oreilles fendent le vent
le vide
le vide et le vent abondants de la mer
sous mes pieds crissent les coquilles
beige gris noir blanc

petits galets comme des dragées
léchés par la vague jamais fatiguée

je transpire sous mon kway
mais de vent frais je suis cernée
horizon plat de vapeur jaunie
mer bleu tranchant

8 heures 27

déboulent dans mon dos
deux chevaux au galop
montés de jeunes cavalières
déjà au loin
se perdent dans le sable

sable tendre
coussins de coquilles brisées
dressés par le flux

de retour les chevaux
au galop dans la mer
font des vagues d’écume
sortent de l’eau
trépignent
foncent sur moi
un cheval craint l’eau
moi le coup de sabot

les deux chevaux pénètrent de front la mer
semblent à présent trotter dans l’eau
se perdent dans les flots

8 heures 43

une joggeuse arrive en face
au rythme de fruits bercés
inscrites sur le rivage
vagues de coquilles et galets

ici les chevaux sont passés
ont creusé le sable de leurs fers
là les chevaux ont fait demi-tour
le sable sec en est tout retourné

dans l’eau une méduse morte
paraît vivante

champ de sable aux troncs d’arbres migrateurs

9 heures 8

le soleil n’est pas encore chaud sur ma peau
essaimés sur la plage
un tronc d’arbre dauphin à ailerons de sable
cet autre sur ses ergots de piques saillantes
escargot de mer géant
alignement de branchettes festonné par la marée
brume jaunâtre sur le Pic St Loup et Montpellier

9 heures 22

je rebrousse chemin pieds nus dans l’eau
la chaleur s’installe

je prends un bain de lait
dans la mer bleu pâle
parmi les éclats de soleil flotté

Jeudi 22 septembre 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan – Vic la Gardiole, Hérault, France)

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Me suit le reflet comme mon ombre

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Jeudi 15 septembre 2005

7 heures 20

Etang de Vic à découvert
déployé en miroir ondé de mauve
tendu attend la brûlure du soleil
lac nu silencieux
crie un oiseau

le boulet de feu
surgit à l’horizon de l’eau
tisonne l’eau d’une coulée
de lave vermillon
lac de clarté mauve doré
roseaux contemplatifs
rougeoie l’eau solaire
ciel bleu léger
sillonné des nuages rectilignes
de fumées d’avion orangées

7 heures 47

gloup gloup la mer
calme comme un lac
le soleil brûle le ciel
le reflet ébouillante l’eau
crissent mes pas
sur coquilles et galets noirs
éclairés de jaune soleil

accompagnée je suis du reflet
m’illumine
miroite
prend le relais
du soleil effacé de luminosité
se balance sur la vague souple
descend les escaliers de vagues

la luminosité rouille les tamaris
la plage est nue personne dessus
un barrage de galets ferme le lit
d’une rivière de sable
gouttelettes limpides
frangent la vague
ondes douces en rizière
sur plateaux de sable

8 heures

je marche dans la douceur
le reflet n’a pas quitté mes pieds
tangue à mes côtés

lavée des intempéries alerte rouge
la mer est rénovée de bleu
plage jonchée par endroit de branchages
et de tronçons de troncs
coups de feu des chasseurs dans les étangs
me poursuit le reflet presque blanc

sur le sable blondâtre du rivage
nervures des crêtes de vagues séchées
bouquet de chardons sec mouillé
reflet blanc du soleil trempé

8 heures 16

le reflet ne cesse de m’escorter
une barque de pêcheur le franchit
un groupe de baigneurs naturistes
se sèchent au soleil
échoués un gros crabe noir
un minuscule crabe blanc

un petit bras de mer s’ouvre à moi
j’entends comme un gémissement
un goéland blotti sur le sable
essaie de s’envoler en vain
ses larges ailes ploient aussitôt
retombe sur le ventre souffre
blessé à mort
se fige

appelant
face au soleil

8 heures 34

le reflet du soleil
étalé sur la mer étale étincelle

Jeudi 15 septembre 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan – Vic la Gardiole, Hérault, France)

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C’est de la poésie que le pêcheur pêche

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Jeudi 1 septembre 2005

7 heures 20

Etang de Vic gris perle
cieux à peine frôlés
de nues poudre orangée

mer moirée gris rosée
ciel voilé de clartés
douce brise douce houle
ruban de crêpe bleu sur l’horizon
y perle une goutte de sang
nuages crénelés
de lumière orangée

un anneau rouge fantôme
couronne les nuages escarpés
puis on ne voit que du bleu

réapparaît en boule
déjà tout illuminé
escortée du reflet fanfare sur la mer
je suis tout humidité
le soleil se trouble de luminosité
mes yeux aussi qui voient vert
la page blanche de mon cahier
la bleuté se trouble de rose
trois flamants roses
volent vers les étangs

le reflet bat son plein
de drapés luxuriants
les flots reflètent du turquoise

un pêcheur assis sur le sable
rembobine patiemment du fil à pêche
sur le rivage une rangée de cannes
au garde-à-vous surveille la mer

je rencontre Loulou
toujours une joie
on ne s’était pas vu depuis un moment
il séjournait à Salon sa ville natale
mais il préfère Vic La Gardiole
j’apprends de son copain Etienne
que cette barrière sur le parking
marque la frontière entre les plages
de Frontignan et Vic la Gardiole

alors il paraît que vous écrivez sur moi
il se saisit de mon cahier où s’épanche
mon écriture impénétrable
j’y comprends tchi
normal moi aussi il m’arrive
de ne pas pouvoir me relire
mais Loulou les textes sont tapés
et je les fais suivre depuis des jours
dans le coffre de la voiture pour vous
je vous les donnerai la prochaine fois
car à présent je sens l’appel de la mer

débarquent deux joyeux compères
équipés d’élégante panoplie de pêche
l’un d’eux présente à la cantonade
l’ami niçois qui l’accompagne
je prends le bon coin
car je connais le coin
dit-il d’un clin d’œil complice
bof il y a du poisson nulle part
répliquent en choeur
les pêcheurs du coin goguenards

c’est toujours le même refrain
avec les pêcheurs
quel que soit le temps
ce n’est jamais le jour favorable
c’est de la poésie que le pêcheur pêche

7 heures 43

pendant ce temps
le reflet s’est étalé
un pêcheur isolé
est assis tout confort devant la mer
ses deux cannes solidement amarrées
à une sorte de poussette aménagée
je l’appelle la « chariote » me confie-t-il

mer replète de vaguelettes
ciel tout vapeur
soleil dilaté
reflet adouci
roulis assourdi
sur le sable est édifié
un grand cercle solaire de galets
rempli de galets et plumes de mouette
la mer aujourd’hui rejette ses plumes
jonchent le rivage tout du long

je piétine en canard dans le sable foulé
de tant de pas qui se chevauchent
sur la plage déserte

8 heures 04

voile étale dans le ciel
le vent de la mer forcit
s’engouffre sous ma chemise moite
le reflet ne décroche pas
le soleil feu de vapeur
je l’effleure du regard
le sable se cendre de douceur
un pêcheur solitaire en maillot de bain
se laisse prendre au vent
mes mains sont lavées d’humidité
je fends le vent

8 heures 23

le reflet poursuit son chemin
le sable commence à blondir
sous le foyer blanc du soleil
un jeune couple étendu sur le sable
se relève
secoue le drap de bain
et s’y drape dedans
se met lentement en marche
à l’abri de la cape partagée
ne me voit pas passer

le vent constant
empêche la chaleur de descendre
blanc le reflet glissant
noir le tronc d’arbre immergé
un jogger émergé du blockhaus
surgit
vite disparu dans les vapeurs

8 heures 43

le ciel vide est plein de clarté brumeuse
le vent toujours porteur de moiteur
le jogger revient sur ses pas
cheveux plus blonds que le soleil

sur le sable se rencontrent
d’innombrables traces de pieds
modelés par la douceur de la lumière
ici le flux a modulé du sable ondulé

il fait si doux
lorsque le vent s’apaise
un oiseau noir vole haut

9 heures 12

une mouette surgit des étangs
Palavas est embrumé de blanc
La Grande Motte escamotée
barques illusion voguent à l’horizon
des buissons de salicorne vert acidulé
ont percé les dunes de sable et de galets
les tamaris sont gris
une fougueuse vedette
entaille les flots

9 heures 20

je fais demi-tour
s’avance au loin
un naturiste tout rosi de soleil
les tamaris virent au vert foncé
le ciel vide sur la mer se bleute
le ciel sur terre est lourd de gris
les oyats sont sépia
les massifs de salicorne
ont tourné au vert bleuté
vent dans le dos
chaleur sur ma peau

10 heures

bain d’éclats de rires avec Bern
à se laisser surprendre par l’éclat des rouleaux de vagues
dans le caressant reflet du soleil

Jeudi 1 septembre 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan – Vic la Gardiole, Hérault, France)

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La mer lactée

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers
Jeudi 25 août 2005

7 heures

Sur l’étang de Vic
dégradé arc-en-ciel dans l’eau
cinq flamants roses glissent sur l’irisation
dans le silence des cygnes
voix rauques dans les roseaux
en file indienne les flamants
se rapprochent d’un autre groupe frisant
l’eau rosie de mauve en direction du nord

strates or et carmin veloutées
dans un ciel feu
de vifs poissons percent d’ondes concentriques
la surface du calme miroir aquatique

atteignent l’eau cuivrée les flamants alignés
entament l’eau grisée de rose

au bas du ciel
de l’orange embrasé
annonce du rouge incendiaire
à fleur d’eau
se mauve se grise se dore encore plus l’eau
rougit de sang
naît le soleil
sort la tête illuminée de l’eau
crie une mouette
crient les oiseaux

ciel bleuâtre au nord
moirée l’eau en bordure des roseaux
les roseaux écoutent
le reflet sur l’eau est gorgé d’or
un canard flotte solitaire
dans la coulée en fusion
de la boule aplatie de feu
l’eau de l’étang grisée pâlit
se nappe de cuivre à reflets rouge
on entend le chœur des flamants
soleil et reflet écrasent tout
s’intensifie l’enrouement des flamants

le reflet trouble l’eau de vapeur d’eau
à l’horizon de l’étang ruban dormant d’eau blanche
une barque de pêcheur y est posée

s’éclaire fort la traîne du soleil déjà haut
cap sur la mer

7 heures 22

mer bleuâtre sans écume
lisse comme du lait
ciel tout embué de nues
bleuté et coquille d’œuf
la fraîcheur humide me plombe
soleil blanc diffus dans les nues
reflet jaune pâle sur lait jaspé
le reflet devient froid
je « pègue » de partout !

un camion de travaux descend sur la plage
je lui laisse la place
énormes traces de pneus sur le sable vierge

le soleil frôle le sable j’ai moins froid
scintillent galets
paillettes dans le sable damé par la vague
sur la mer à l’horizon sud le bandeau blanc
ressemble comme deux gouttes d’eau
au ruban vu sur l’étang
le reflet liquéfié inonde violemment l’eau tendre
le soleil s’impose dans un ciel humide de bleu
les vagues roulent douces

7 heures 44

je marche entre deux sillons alvéoles de pneus
une barque de pêcheur s’arrête non loin du rivage
seule réalité dans la mollesse ambiante
soleil humide chauffe très doux
ciel crémeux
j’arrive au niveau de la barque
ondoie sur la mer lactée
à sa proue le reflet limpide
le pêcheur étend ses filets
le reflet dépasse la barque avec moi
il me suit
prolonge mon regard à l’infini

à l’est la mer rentre dans le ciel
monté haut le soleil reflet trop luisant

un chercheur de trésor écouteurs aux oreilles
se concentre sur le ballant de son balai d’astronaute
creuse le sable de son râteau grillagé

le son de la mer est profond
le trésor est dans la mer

un jogger me dépasse d’un pas mesuré
sur la respiration de la vague

8 heures 12

caresse tiède sur ma peau
mais toujours des frissons en dedans
tonalités mercure sur les flots lissés
des embruns me montent aux narines
l’humidité me pèse aux épaules
vacarme des flots ?
non c’est le camion qui revient
par le bord de mer pourquoi si vite ?

à l’horizon ligne de brillance dorée
descendue du soleil
trop haut trop puissant de luminosité
je me garde de le regarder
le reflet sur l’eau se perd en clapotis
d’éclats de lumière violente de-ci de-là

8 heures 21

ultimes éclats du reflet à mes pieds
me donne envie de les chauffer dans l’eau
c’est un leurre l’eau est froide

le ruban d’eau blanche à l’horizon rétrécit
et absorbe la ligne dorée
les vagues lèchent le sable d’eau claire
La Grande Motte se dérobe sous brume blanche
un tronc d’arbre se fait rouler par la vague
je m’enfonce dans le sable le ciel dans la mer

près du blockhaus deux catamarans un canot pneumatique
et une population de campeurs adolescents
dont certains encore roulés dans leur sac de couchage
quatre jeunes-gens joyeux venant de la mer
rejoignent le campement
la vanille du ciel se teinte un peu de bleu
mer huilée de lait

sur le sable de la grève des fresques fraîches sont gravées
probablement l’œuvre du groupe d’adolescents
visages de coquettes cœurs épanouis nus féminins parés
à Clélia en lettres géantes
l’amour toujours !

des barques commencent à poindre
fourmis à l’horizon
frissons encore en moi
partage des cieux
onctueuses clartés grises bleu aérien à voiles blanc

8 heures 55

La Grande Motte ouatée d’angora blanc
à l’horizon une brume fantôme se répand
puis se noie
barques estompes de fusain
sur le sable face à la mer
une installation artistique de bois flotté
regarde l’immensité
les barques fondent

voûte céleste en lévitation bleu-ciel
sur la mer ciel laiteux

9 heures 13

je fais demi-tour
la mer change de ton
de bleu phosphore
je marche pieds-nus
dans les vaguelettes
l’eau est glacée
irai-je m’y baigner ?

9 heures 35

je me mouille à petit feu
bain de mer bain de ciel
étendue nue comme un poisson dans l’eau
les frissons de l’eau me glissent sur la peau

apparition d’un morceau d’arc-en-ciel
dans une trouée de nue blanche voile de lune irisée

Jeudi 25 août 2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan – Vic la Gardiole, Hérault, France)

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