Voici six croquis du majestueux Cèdre de l’Atlas (format 30x40cm) réalisés sur le vif au Parc du Domaine de Méric, Montpellier. Site classé Berges du Lez, paysages de Frédéric Bazille.
Couverture de l’album ENTRE
On entre dans un texte de Valéry Meynadier comme on entre dans la mer. Au début avec prudence, émoi, étonnement. Puis on se laisse saisir, on trouve son souffle, on prend plaisir, une fluidité commence à nous enrober. Un peu plus tard on se surprend à se laisser flotter dans les bras d’une houle vigoureuse et voluptueuse à la fois. Enfin on fait corps, on est la masse de la vague, liquéfiée tout autant qu’aérienne en ce lieu où la mer et le ciel ne font plus qu’un : on entre alors dans le mystère de l’épaisseur des êtres, corps et âmes confondus.
Il fallait à côté d’un tel texte un élan poétique à hauteur de l’engagement suscité. Il fallait qu’on puisse chercher, haleter, se perdre, puis enfin être pris et succomber dans une aire d’accueil, de quête, et d’ouverture. Les encres de Marie-Lydie Joffre nous amènent encore plus loin. Chaque esquisse nous attire vers un arrière-plan intimiste qui pousse notre subjectivité à se saisir de l’histoire, qui devient notre histoire. N’avons-nous pas chacun un drame, une énigme, où nous avons sombré un jour, et qui a structuré pour longtemps les abîmes de notre mémoire ? Ces lignes et ces formes graciles, mouvantes, vivantes, plongent dans l’antre de la chair et nous convoquent vers des sombres profondeurs d’où on espère la lumière. Et celle-ci ne cesse de sourdre des 4 coins de l’horizon, elle nous entoure, elle n’a jamais cessé d’être là, même au plus noir de nos épreuves. A leur manière Valéry et Marie-Lydie tissent ensemble un conte de la Rédemption.
Pascale Amara, Sept 2011, place Denfert-Rochereau, Paris
Couverture de l’album ENTRE : Encre de Marie-Lydie Joffre.
Liquidambar, arbre croqué sur le vif au Jardin des Plantes de Montpellier
Scansio
Poèmes inspirés par les Platanes de décembre de Marie-Lydie Joffre
En-rein-cinés
dans ce monstre immobile
qu’est le sol,
hissé de racines
tressage de ciel,
Platanes, nom masculin
marbrures féminines.
Frôler, provoquer, désirer,
flatter du bout des racines,
du coin du creux,
de la pulpe des sèves,
Puis se replier
dans ses feulures
vertiges de feuillages.
En-rein-cinés
dans l’intime façonnage
en berceau-expansion.
Un chemin prend acte ici,
venant d’on ne sait pas,
allant on ne sait où.
Qu’importe d’où s’origine
ce poing ouvert,
cet allant fermé.
Qu’importe d’où se décide
le secret.
Un chemin prend pacte ici,
de soi à soi.
Regard d’écorce,
coïncidence de haies vives.
Et ces marquages
tel un visage épris
de sa vérité.