Une encre « Nu_arbre » illustre « Cramoisie » texte de Jeanne Bastide

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Publication dans le Magazine ADA n° 20 de « Cramoisie », texte de Jeanne Bastide, illustré de « Nu_arbre », dessin de Marie-Lydie Joffre

Nu_arbre n°89. 2002. Encre de Chine et calame. 12,5 x 16 cm
Cramoisie
Cramoisie, la couleur de l’arbre qui m’attendait au bout du chemin. L’arbre – rond, rouge, serein. De l’herbe sous son feuillage d’automne, douce et encore verte. Une pelouse. L’arbre nous attendait. Aucune concertation. Mais lui et moi le savions de tout temps.

Il était écrit qu’un jour d’automne un arbre rouge m’attendrait sur le chemin. Avec une ombre violette pour de premiers émois. L’arbre sera là – solitaire et majestueux. Je ne serais pas seule. Lui – dont je tairai le nom – lui, qui malgré ses grands bras n’était pas arbre, avait apporté une orange. L’avait déposé presque cérémonieusement tout près du tronc.

L’arbre était cramoisi. Moi aussi.
Lui – dont je tais le nom – avait un sourire mal dessiné. Nous nous sommes regardés. Nous avons hésité. Ma main a caressé l’herbe. La sienne, mon genou. L’arbre rouge était immobile et les alentours silencieux des mille bruits de la nature.

L’arbre qui avait grandi pour m’accueillir ce jour d’automne particulier – cet arbre là – ne bougeait plus. Pas même ses feuilles violines. Il inscrivait l’attente. Nous, immobiles et bousculés de l’intérieur étions confus de ce qui arrivait.
Ce qui est arrivé ensuite – l’arbre rouge en a été le seul témoin – est resté en moi tressé à l’odeur de l’herbe, au cramoisi de l’arbre et au silence qui a suivi.

Jeanne Bastide ©
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Impressions de Marie-Lydie Joffre sur Centaure, roman de ValérY Meynadier

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Critique de Marie-Lydie Joffre publiée aux éditions Chèvre Feuille Etoilée dans la revue 43-44 octobre 2010 « Ce jour- là »

À ValérY


Mes premières impressions :
Voyage au pays des Centaurées d’altitude ! Tendres matrices en fil de soie, métamorphosées rose d’épine, violette de gambe, bleu sein-commotionné, jaune sarcastique, rouge hilarant la douleur… des souffrances si profondes au fond du corps et de l’âme de la femme violée, qu’elles en deviennent incommunicables, mais que tu vas courageusement exhumer au grand jour, à petites gorgées élégantes comme la pudeur, aimantes, magnanimes, fraternelles pour en témoigner de l’inhumanité. Rêve ou cauchemar ? Plutôt vérité ! Au sortir de cette épopée de la lucidité, j’ai pensé aux gravures de Goya, « Les Horreurs de la guerre » ; ton récit en a la puissance elliptique, la charge, l’humanisme ! Ce roman donne tant de vie prégnante à la misère de viol & prostitution, étayée en filigrane de références d’investigation dignes de foi, que ton écriture sensibilise à la cause des victimes comme un tatouage sur la mémoire. Avant Centaure le viol et ses conséquences pouvait paraître lointainement abstrait dans son abjection, après la lecture de Centaure on en appréhende l’ignominie viscéralement.
La forme du récit est ondoyante, inépuisablement portée sur la fascinante poésie du flux et du reflux d’une longue chevelure, la vague du bien qui plonge aussitôt dans celle du mal, comme vouées pour l’éternité à se donner la réplique, on se laisse embarquer à la découverte de ton univers « toujours recommencé ». Tout comme la lumière du soleil fonde l’architecture cistercienne, tu sculptes souverainement avec rigueur et concision. Est-ce pour mieux chavirer en explosions de chœurs baroques, où le désespoir exacerbé des femmes marquées aux stigmates de la mort n’est soutenable que par le truchement de scènes exubérantes, rabelaisiennes, felliniennes, sans compter l’humour qui sauve ? Signe qui ne trompe pas, quand on lit Centaure on ne le lâche plus, et on rêve de rédemption !
Et si Centaure nue, figure de proue de ce roman aimanté d’âme, était descendue du ciel ? Coulée de fer, coulée de chair, forgées dans les nébuleuses ? Une Centaure déterminée comme le taureau de sang couvert, Centaure enceinte d’auras boréales, masse de neige écorchée à l’identité vive éparpillée ! Centaure, l’animal en nous en appelle à notre humanité…
MLJ








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« Arachné outragée », encre exposée dans la galerie Canson du salon Artnîm 2010

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Arachné outragée, encre sur papier, 50 x 65 cm. Juillet 2010.

Encre présentée au concours Artnîm de La Tribu des Artistes. Thème imposé la mythologie.


Oeuvre exposée dans la galerie Canson du salon Artnîm 2010

Pour en savoir plus sur les 5 œuvres travaillées d’après la légende de Athéna et Arachné, veuillez consulter la galerie de Marie-Lydie Joffre consacrée à ce thème sur le site de la Tribu des Artistes






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Peinture de Nicolas de Staël, la Lune

la Lune, Peinture de Nicolas de Staël, 1953.
Huile sur toile 97 x 162 cm, collection particulière.
Visible à la Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Suisse

« L’instinct est de perfection inconsciente et mes tableaux vivent d’imperfection consciente » Nicolas de Staël

“Toujours, il y a toujours un sujet, toujours”. Nicolas de Staël

 

Un gros point sur un i

Sur une toile verticale de grand format, divisée en deux parties, carré haut, ridé de peinture craquelée, carré bas, lourd de peinture stratifiée, la solitude cosmique d’un paysage de Nicolas de Staël s’exacerbe. Dans le ciel bleuâtre, apparaît une pleine lune énorme, déliquescente, éclairée du dedans. Tristounette lune jaune paille, cernée au front et à la mâchoire d’une pilosité noir de fusain, minuscules scories s’évaporant en une pluie de suie à la surface du ciel, et en dépôt sur l’horizon, poussière tombée du menton… !

Une lune même pas ronde, plutôt d’aspect carré, forme fondamentale dont Nicolas de Staël bâtit ses œuvres, agrégat de tesselles de peinture qu’il se plaît à architecturer et lisser au couteau. Le visage plâtré de touches pansement, la lune semble méditer, nous regarder d’un air dubitatif. Elle penche un peu la tête du côté opposé à la chute de l’horizon, comme si elle avait le vertige.

Tout prêt de l’eau ou de l’au-delà, la lune ne s’y mire pas malgré le lustre luminescent. Peut-être un reflet fantôme grelotte-il dans quelque tesselle de valeur mauve ? Bétonnée, aplanie, glacée de glacis, sur cette eau figée de patinoire, la lune va-t-elle y glisser ? Solitaire, au coeur de l’eau, s’exclame un filet vertical rectiligne, égratigné au scalpel, ponctuation prémonitoire de la fin de vie tragique du peintre ?

Ni ombre, ni lumière, ni vent, ni mouvement ; lune arrêtée à hauteur de son dénuement

Et si la toile se jetait dans le vide, à planer dans tous les sens des verticales et horizontales ? Lune point final ? Moins zéro, lune annulée du cosmos ? Lune noyée dans la vase du ciel, sous l’épée de Damoclès ? Le zéro et l’infini… ?

Marie-Lydie Joffre

 

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Peinture posée au couteau = sorte de petite truelle souple qui offre la possibilité d’appliquer et d’écraser les couches de peinture et aussi de les lisser

une tesselle = du latin tessella (carreau). Fragment de terre cuite, pierre, marbre, pâte de verre…employé dans les mosaïques

 

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Naissance de Vénus

Encre de Chine et pigment sur papier aquarelle, juillet 2010. 50 x 65 cm

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La marée noire, encres et poèmes

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Publication de 9 encres de la série  La marée noire en résonance avec 9 poèmes, sur le site La poésie que j’aime 
« Petite suite de poèmes noirs » de Annie Devergnas-Dieumegard, mai 2006
Dessins à l’encre de Chine de Marie-Lydie Joffre, janvier 2003, format 12,5 x 16,5 cm

ange de poussière
vers quel espace encore vierge
t’envoles-tu ?
car ton ombre granuleuse
déjà souille
les marges du temps

dune sur dune
les pistes s’entrecroisent
mais les navigateurs du désert
ont disparu dans la poussière
depuis tant de lunes
et le ciel s’est solidifié

A suivre sur… La poésie que j’aime

Pour un complément d’encres sur La Marée noire, voir les albums
Album Picasa 1
Album Picasa 2

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Commentaires sur un pastel de Liliane

                                                    

La jungle, pastel de Liliane

Liliane :

J’ai ressorti un ancien pastel que j’avais créé pour une expo sur le thème de la jungle, je ne le trouvais pas formidable, mais je viens de voir sur le magazine « Match » un article sur « chercheurs d’art » : il y a un peintre qui a fait un tableau sur la jungle c’est Mostyn Owen 2009 voir : http://www.polad-hardouin.com/
Son tableau est « tagereste » 0rlando. Cela m’a fait me souvenir que j’avais fait ce petit pastel sur la jungle et qu’après tout, il n’était peut-être pas si mal. Il est réalisé sur un papier Canson vert foncé 24 x 32

Marie-Lydie Joffre :

Comme une illustration de livre pour enfant…

Pastel plein de gaieté vert aquarium, traversée d’une rivière en diagonale ponctuée de cinq bouquets de fruits rouges, et voilà que les saveurs de l’enfance enfouies comme oeufs de Pâques au jardin des mystères, remontent aussitôt à la surface de l’eau.

La souplesse, la tendresse, le velouté des textures du pastel s’exercent ici. Très peu de poudre semée. Regardez le pastel respirer lorsque la couleur vert olive du support papier transparaît aux endroits réservés. Il faut si peu de pulpeuse poudre pour dire beaucoup !

La couleur estompée, quant à elle, joue des sonorités moites de la poudre transformée sous la glissade des doigts, et contraste avec les tonalités vivaces du pigment non altéré.

A droite, dans la partie ombrée, des réseaux au pastel noir laissent deviner la couleur estompée du fond à travers maille. Un frottis délicat d’arabesques vert tendre auréolé d’un reflet bleu d’eau, joue les complémentaires avec une traînée de terre rose enfouie dans le noir laquelle engendre un rameau de fruits rouge épaissi de clarté. Toutes teintes d’autant plus lumineuses qu’elles sont ceinturées de sombre. Une lumière de sous-bois posée sur le fond délicatement estompé, semble tracée aux rayons arachnéens sortis de la tranche du bâtonnet de pastel.

Contrastes de matière gourmands. Touches fraîches rouge fraise, rose bonbon, rouge orangé, tentations que ces baies essaimées dans les coins sombres ! Pendue à l’arbre, une grappe fruitée, sorte d’hippocampe vermillon, frottée en épaisseur fait penser aux fonds marins. Une pointe de jaune soufre prend feu auprès de la sombre bûche qui prend l’eau. Mystère que cette bûche dont on aurait taillé sommairement une sorte de Christ qui semble reposer en lévitation sur l’eau ! Une plante mauve carnivore s’apprête à se désaltérer à la rivière, sous le regard du petit oiseau haut perché dans les méandres d’enroulements habités de figures totémiques ; et l’évocation de la barque déjà propulsée vers d’autres contrées ouvre au rêve le confinement de jungle.

Exploration du pastel dans une gamme ludique de tracés, de stries massives en volutes dansantes, d’aplats feutrés de secrets pollens en envolées de feuilles, point de fuite de la subtile poudre (angle en haut à gauche)

liliane.peint@orange.fr

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Centaure, Roman de Valéry Meynadier

Publication en mai 2010 de Centaure, roman de Valéry Meynadier, aux Editions Chèvre feuille étoilée, dans la collection : les chants de Nidaba

Illustration de la couverture du roman : Marie-Lydie Joffre. Blessure, encre de Chine et sanguine sur papier, 25 x 32 cm, fév 2000

Rarement texte évoque avec autant de force la violence inouïe que peut subir une femme, des femmes. Rarement évocation du viol et de la prostitution fut aussi douloureusement, aussi intimement écrite et pourtant renvoyant sans cesse à des faits réels. À force d’écrire, le réel nous prend en otage. Nous ne serons jamais quittes du réel ; il dépassera toujours la fiction… écrivait un jour Valéry Meynadier. Elle reste fidèle à cette idée dans ce romandocument.

Un style d’une folle audace pour dire ce qui fut, ce qui transperce le temps, revient en boomerang dans l’Aujourd’hui pour raconter la vie de Centaure ; Centaure l’intraitable femme-soeur qui n’oublie ni ses blessures, ni ses colères, ni ses révoltes. Centaure, l’indépassable symbole de la déchirure de l’être, de la meurtrissure des corps. Centaure, foudroyante de beauté et de refus interpelle nos tranquillités et nos oublis. Ce texte est d’une extrême densité et peut se permettre une écriture baroque, lyrique qui métamorphose notre univers le plus proche comme le plus lointain.

Valéry Meynadier est écrivaine. Elle a notamment publié un roman Ma mère toute bue chez Chèvre Feuille étoilée, 2007 ; un livre de poèmes et photographies Présent défendu, Villa des cent regards,2009 ; de très nombreuses nouvelles dont certaines furent couronnées par le prix Forum Femmes Méditerranée en 2008.

http://www.chevre-feuille.fr/collection-les-chants-de-nidaba/

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Propos sur l’art par Thomas Vuille, artiste graffeur

Thomas Vuille, en une courte vidéo, mentionne une qualité fondamentale de l’artiste, celle de « changer de technique et remettre en cause son principe même de fonctionnement » ce qui lui permet de « s’adapter à de nouvelles contraintes pour inventer de nouveaux univers »