La peinture : empreinte identitaire de l’artiste



Question de Marie-Lydie Joffre
Récemment au zoo de Lunaret, j’ai vu des canards élégants vêtus de beige, ocre-or et noir ! Ça m’a fait penser à ta peinture « Espèce de papillon » laquelle m’a fait à son tour rebondir sur un petit projet à partir de la riche matière picturale de l’oeuvre. J’aurais plaisir à présenter la métamorphose de ta peinture en fonction des cadrages, la façon dont le matériau se réincarne selon l’angle de vue proposé, tout en conservant la trace identitaire de l’artiste jusque dans les moindres détails. M’autoriserais-tu à « disséquer » ta peinture, à y fouiller dans les entrailles ?

Réponse de Anne Marie Galata
Chère Marie Lydie, Mais bien sur, je te permets de faire l’autopsie d’un papillon, sorti non de mon imagination mais de la fantaisie de mes doigts, tenant un pinceau. Et puis, lorsque je peins chez toi, ta personnalité ambiante agit sur moi.

Observation de la peinture de Anne Marie Galata« Espèce de papillon », encre de Chine et pigments sur papier aquarelle.
27 x 30 cm, octobre 2008.
Anne Marie Galata a laissé courir le pinceau sur le support de papier ; en retour son exploration tactile du matériau, ressource essentielle pour construire une œuvre de découverte et d’étonnement, loin de toute spéculation, a fait danser sa peinture !
Le matériau est une mémoire, comme la pâte à modeler, l’artiste y est tout entier inscrit dans l’empreinte que trace sa main, quel que soit l’état de l’œuvre, terminée ou en jachère, et on reconnaît sa singularité jusque dans le cadrage serré de son œuvre. Ici, chez Anne Marie Galata, entre autre gourmandise, raffinement des couleurs, humour, amour des animaux…!

Ci-dessous, une interprétation de la peinture Espèce de papillon sous plusieurs cadrages.
(1) la peinture originelle, ( 2) L’oeuvre ayant subi une rotation, (3) un cadrage moyen format, (4) (5) deux cadrages petit format du même motif central sous un angle différent


Ouragan dans la glaise ! L’argile décolle boursoufle tourbillonne, pâte papillonnante gonflée de remous, un papillon bagué d’un nœud de serviette, les ailes incrustées de fossiles crustacés, les papilles perlées de sève d’huître, couvre un oiseau qui vient nourrir au nid, sous le regard inspiré d’un chat en boule

En un tour de rotation à 90° anti-horaire le papillon se retrouve chien, il s’ébroue ses plumes frisent… Son museau de canard pointé au ciel interroge de ses yeux d’ubiquité,
puis caniche à tête de coeur fringant
il se dresse en X, face à sa créatrice !
Et si on lui faisait des coupes sombres dans l’épaisseur de sa forêt de bouclettes, fouillait les schistes de sa toison pour y rechercher des résonances, que trouverait-on ? Ci-dessous, quelques suggestions.

Tombée du ciel, une fleur minérale, à mimétisme animalier, oeil de tigre, yeux de chat, dans toute son ampleur d’écoulements anciens, de gouffres et d’abîmes, d’avalanches de feux, de racines noueuses, de pistils poudreux, de sauve qui peut… lape au reflet de l’étang du crépuscule

Désert d’ambre et terre-verte, rocher à tête d’hermine, long museau de chien à l’affût dans les lavis estompés de montagnes lointaines…

Sous un autre angle de vue, le chien se réveille. Se frotte-t-il les yeux ou est-il frotté d’un baiser de chèvre, sous le regard bienveillant d’un molosse à gueule fleur de feu ?

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« Le féminin pluriel » Marie-Lydie Joffre

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Publication de l’article « Le féminin pluriel » par Audrey Higelin, présenté sous la rubrique « Portrait d’artiste » page 34 à 37 du magazine « Dessins & Peintures » Hors-série n° 18, mai – juin 2009 .

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Le pastel : art d’une image approximative peu détaillée ?

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Réponse aux questions de Leszeck (voir toutes les questions)

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« …De plus, j’ai l’impression que le pastel est un art d’une image approximative, peu détaillée. Plutôt un travail en grandes masses de couleurs »
Le pastel étant composé de poudre, sa texture est mouvante, délicate, voire indécise. De plus, la charge de craie qui aide à dégrader les coloris des pigments confère aux pastels des nuances douces et d’autant plus pâles que la charge aura été importante. Nuances fines, luminosités suaves et souvent des surfaces estompées peuvent conférer au pastel une impression d’approximation.

Les pastellistes du XVIIIe siècle ont beaucoup usé du côté vaporeux du pastel estompé. Les artistes symbolistes aussi. A première vue, le pastel se perçoit de façon sensuelle ; on ressent d’abord la douceur, la sensualité, le velours des grandes masses de couleur. Il émane des pastels une impression de recueillement, de sourdes sonorités de l’intimité, quelque chose de diffus et parfois fugitif, de l’ordre de l’éphémère. Les détails étant plus ressentis que réalistes.

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Du manque de repère, de nombreux artistes ont fait le support de leur inquiétude. Les Symbolistes par exemple pour suggérer le monde secret d’une vie intérieure.

Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953)
Calanque, 6 heures du soir, 1936
Pastel – 66 x 91 cm
Paris, Musée d’Orsay
Photo : Musée d’Orsay

Mais en définitive, et comme tout médium pictural, c’est la manière dont il est traité par l’artiste qui induit le caractère du versatile pastel. Exécuté sous forme graphique par exemple, le pastel gagne en vigueur, en rigueur.
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Peter Stämpfli
Record 1980, Pastel
Fond régional d’art contemporain de Picardie

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Marque-pages de Marie-Lydie Joffre (Magazine ADA n°13)

Publication de marque-pages de Marie-Lydie Joffre en illustration de l’article Les chemins de campagne, entretien avec Michel Arbatz, par Raymond Alcovère dans le Magazine en ligne ADA (Autour des auteurs) n° 13 – avril 2009. Montage des marque-pages : Françoise Renaud.

Coordonnées du magazine ADA

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« Secrets de femmes » revue étoiles d’encre 37-38

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Publication d’une encre de Marie-Lydie Joffre, en résonance avec la nouvelle de Valéry Meynadier Chut ! dans le cadre de la revue étoiles d’encre 37-38 sur le thème Secrets de femmes

Dessin de Marie-Lydie Joffre. Encre de Chine sur papier, 2008, format 14 x 19

Valéry Meynadier à l’ADA
http://www.autour-des-auteurs.net/fiches/meynadier.html

Editions chèvre-feuille étoilée
http://www.chevre-feuille.fr/

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« Regard sur 89 » portraits au pastel

Marat

Mise en ligne de l’exposition virtuelle Regard sur 89

Regard de Marie-Lydie Joffre sur la révolution de 1789 :
portraits au pastel de révolutionnaires, militaires, savants et écrivains, famille royale

« sur le site de Louis-Antoine Saint-Just!»

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Le mistral lisse la mer

Ce matin la plage est plus nue que d’habitude, le mistral lisse la mer et nous pousse dans le dos, Bern et moi. Nous marchons d’un pas vif, puis, de retour, à vif dans les vagues réfrigérantes et le vent freinant !

On ose traverser l’eau jusqu’au ventre, entre la lune et le soleil. La lune tendre vogue dans le ciel en pleine panse d’un nuage dauphin, le soleil éblouit, dans son reflet chaud, les jambes brassent un liquide divin !

Avant de quitter la plage, qui voit-on ? Loulou et Jean-Marie. Tous les deux en Tee-shirt jaune comme des jumeaux ; on aime plaisanter ensemble ; la plage est à peine fréquentée. Avant de se séparer, Loulou qui avait planté sa canne à pêche, (Jean-Marie venait en touriste !) nous dit je vais voir s’il y a une daurade au bout pour vous ! Elle n’était pas au rendez-vous, mais le coeur de Loulou y était après avoir pêché la lune dans le soleil…

15 août 2006 , marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan -Vic la Gardiole, Hérault, France)

Encre de Marie-Lydie Joffre

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« La mère & l’enfant » pastels de Marie-Lydie Joffre

Publication de l’article « Marie-Lydie Joffre, La mère & l’enfant » pages 22, 23,24,25, sous la rubrique « Coup de cœur »
dans le magazine bimestriel version papier N° 8 – Décembre 2008 / janvier 2009 « Atelier peinture & dessin » publié et distribué par le groupe de presse Multimédia Press (http://www.multimediapress.com/).
Le magazine thématique comporte des rubriques d’histoire de l’art, de découverte des collections publiques et musées, et des rubriques sur la pratique des arts graphiques.

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Comment superposer les couches de pastel sans les fixer ? (2)

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Réponse aux questions de Leszeck (voir toutes les questions)

La créativité de l’artiste

Si en art, l’aspect technique (c’est-à-dire la façon de faire) peut être transmis, dans les limites de ses possibilités toutefois, reste surtout ce qui est insaisissable et pourtant essentiel, la vision de l’artiste, cette dynamique créative qui l’aide à sonder le matériau, et partant à s’exprimer.

C’est à la faveur de l’œuvre réalisée que l’on peut tenter d’analyser comment l’artiste est parvenu à apprivoiser la matière, jusqu’à la transgresser !
Les interprétations subjectives, suggérées par les œuvres, ont la capacité d’approcher un peu du mystère de la création.

Ci-dessous observation d’un pastel de Vuillard et d’un pastel de Riopelle. Ces œuvres ont-elles peut-être été fixées ? Que va nous révéler leur exploration ?

Observation d’un pastel de Vuillard


Edouard Vuillard
Place Vintimille. Vue de l’appartement de l’artiste vers 1915
Pastel 31 x 50 cm. Suisse. Collection privée. Photo du collectionneur.
Reproduction extraite du livre « Le pastel » de Geneviève Monnier, Edition Skira

Dans ce pastel primesautier de Vuillard, les superpositions sont bruissements de feuillage, cris d’oiseaux, mouvements de lumières… !

Sur un support de papier bis, dont le coloris d’origine paraît subsister à la base de l’oeuvre, sont essaimées des couches de pastel ténues, superposées, estompées, griffées de vives ponctuations noires de troncs, branches et personnages-branches !

D’alertes touches évocatrices déclinent le fond de la composition : apparences d’immeubles, valeurs bleutées, coin de ciel bleu, perspective ensoleillée…
Au premier plan, la place, mirage de lumière ocre jaune, auréolée d’impacts de pastel blanc comme neige, à reflets nacrés, engendrés par les sous-couches, est scandée de silhouettes d’arbres.

La substance de l’arrière-plan nourrit la bruissante frondaison de l’arbre central, au tronc hiératique. On devine, à travers le feuillage, les échos de la trame de fond sous une couche de pastel vert inégalement étalé, structuré de quelques touches musicales noires, dont une virevoltant sur un aplat lumineux de jaune venu effleurer le vert.
Ou bien encore, à la cime de l’arbre, le vert clairsemé de la frondaison laisserait-il remonter, au travers du feuillage, le grain de la trame du papier ?

L’arbre à gauche, du haut de son tronc de Christ en croix, semble surgir en lévitation d’une efflorescence floue, ocre jaune et vert estompés.

L’arbre à droite marche. Son faîte est devenu opaque comme velours d’avoir été frotté de pastel vert, puis saupoudré de pastel ocre jaune. La texture des deux superpositions dissimule, mais laisse déceler la charpente d’un lacis veineux sous-jacent.
Des branches noir hirondelle, émergées nues de la frondaison, prolongent la structure du tronc et des basses branches, tracées d’urgence au pastel noir, surlignant parfois le tracé de l’esquisse originelle.

Etant donné la spontanéité de la technique, la légèreté des aplats, les superpositions limitées à 3 couches de pastel, les éléments graphiques incisifs confortant les aplats hâtifs, la palette restreinte, (vert, ocre jaune, bleu, et noir et blanc) les pratiques qui accrochent la poudre au support comme fusion des couleurs ou estompage, une telle économie de moyens suppose une œuvre à l’assise solide ne nécessitant pas a priori la consolidation d’un fixatif.

Plongée dans la lumière fugace de la place comme vue du ciel sur les ailes d’un oiseau ! Peindre avec son saisissement … et le matériau s’adapte !

Observation d’un pastel de Riopelle


Jean-Paul Riopelle
Pastel
Sans titre, 1968. Collection privée. Photo galerie Maeght, Paris
Reproduction extraite du livre « Le pastel » de Geneviève Monnier, Edition Skira

Pour moi, une toile n’est jamais la reproduction d’une image. Ça commence toujours par une sensation vague, l’envie de peindre. Pas d’idée graphique. Le tableau commence où il veut… mais après, tout s’enchaîne. Ça c’est l’essentiel… Riopelle

Cette « sensation vague, l’envie de peindre » évoquée par Riopelle ne serait-elle pas la motivation universelle de l’expression artistique, soit le désir ? A partir de ce « vague » dans lequel on plonge comme dans les vagues, se déclenche l’action, à la fois, de survie et du bonheur indicible de voguer dans l’inconnu. Le matériau fait alors corps avec le nageur qui le travaille à l’instinct dans l’allégresse de l’effort !

« L’essentiel » Riopelle le pratique dans cette œuvre. Son envie de peindre va sécréter tout naturellement sa technique.
Ce pastel touffu, tissé d’un entrecroisement de lignes, donne à toucher la texture chaleureuse d’une tapisserie haute laine et surprend par le côté énigmatique de ses multiples tracés entrelacés. A partir d’un réseau de hachures rayonnantes, précisées sur aplats et frottis légers, s’enroulent, se déroulent, des lignes à main lâchée au pastel diversement ouaté.

L’accumulation contrastée de tracés nonchalants sur la géométrie en dents de scie des hachures, entraîne dans la dynamique d’un monde cinétique de vibrations ondulatoires interpellant des univers multiples : mystère de l’inconscient, circulation sanguine, eau et poissons, luxuriante végétation, pluie d’intempérie et, inscrit dans le fourmillement, comme l’autoportrait du peintre, gravé au trait en grand format, probablement à son insu…!

Vu l’enchevêtrement des lignes, il semblerait que l’oeuvre accumule les couches de pastel, alors que les superpositions sont pleines de soupiraux. Ce sont des ondulations de lignes qui font palpiter la matière et non des aplats.

Toutes ces lignes reposent sur un fond ensemencé de quelques touches de pastel légères faisant corps avec le support papier : un peu d’ocre jaune, des gris bleutés, des repentirs aussi ! Un minimum de matière, jusqu’à laisser entrevoir des plages du support non pastellées.

Une base texturée de la sorte garantit une bonne accroche au pastel à venir. Ainsi les vives hachures acérées imbriquées aux méandres indolents vont-elles bien mordre le papier, et s’éclater les deux graphismes, jouant à celui qui chevauchera l’autre…

Certaines lignes paraissent passées au pastel mouillé ou au pinceau imprégné de poudre de pastel, ce qui produit matière et manière renouvelées, tout en consolidant la fixation de la poudre au support.

En se rencontrant, ces stries s’animent au point de contact, se nourrissent de leur complémentarité. Une ligne jaune clair, en croisant des lignes de couleurs foncées se fait toute transparente au point de chevauchement, une foncée domine de son opacité des lignes claires tout en sertissant les plans lumineux qu’elles produisent, une rouge se perce de sang séché ou de rubis en fonction du croisement avec du sombre ou du jaune…

Et les endroits de repentirs où le pastel est saturé, où il dérape, comme un serpent blanc sur une ombre, ne font qu’ajouter au lyrisme de l’œuvre !

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« J’aurais bien à dire sur le pastel, mais je sais que la réussite d’une œuvre tient à autre chose qu’aux crayons ou au papier d’un artiste. Les recettes sont de bonnes indications pour les peintres, mais le travail matériel n’est qu’un aide secondaire »
(Vianelli, cité dans le journal de Rosalba Carrierra. Publication Alfred Sensier, 1865)
Extrait du livre « Le pastel » de Geneviève Monnier, Edition Skira

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« Autour des auteurs » Voeux 2009

Encre de Marie-Lydie Joffre. Cliquer sur l’image pour l’agrandir

ADA, association des auteurs du Languedoc-Roussillon
a le plaisir de vous présenter ses meilleurs vœux pour 2009

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