Le soleil se veine de gris bleu

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6h

Cri fin d’oiseau
cri de poussin
le ciel gris
est dans l’eau

arachnéen le croissant de lune

moiteur ventée du Marin
un pêcheur dans l’écume
tire sur sa canne

6h25

la boule tamisée
repose sur l’écran de fumée
de l’horizon
rugit la vague au ciel
les mouettes crient
au croissant de soleil
la lune a disparu

demi-boule de sang laiteux
le soleil se veine de gris bleu
puis le calice se brise
reste un petit tiret

puis seul un puits de lumière
mousseuse au sommet du ciel

jeudi 20 juillet 2006 , marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan -Vic la Gardiole, Hérault, France)

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« La poésie que j’aime » poèmes « Le deuil du soir »

Mise en ligne des poèmes Le deuil du soir


7 poèmes de Annie Devergnas-Dieumegard , écrits en résonance

avec 7 encres de la collection « ArTbre » de Marie-Lydie Joffre

sur le site La poésie que j’aime

Ci-dessous un extrait de l’oeuvre

Zelkova du Japon. Jardin des Plantes de Montpellier

c’est la soif qui pousse au dehors
le timide murmure sous l’écorce
la rumeur bourgeonne et monte

sur la courbe vivante
déjà pointent quelques doigts
à même le corail souterrain

repoussant les limites assignées
l’arbre palpite comme femme
qui saigne et qui enfante

A suivre sur La poésie que j’aime

A découvrir sur La poésie que j’aime
La saga des Géants

Annie-Devergnas-Dieumegard

Marie-Lydie Joffre

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Comment superposer les couches de pastel sans les fixer ? (1)

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Réponse aux questions de Leszeck (voir toutes les questions)

3 – Peut-on superposer plusieurs couches sans les fixer, certains artistes expérimentés opèrent de cette manière ?

Au pastel, le mélange des couleurs s’opère directement sur le support. En tant que poudre, les couches de pastel sont naturellement instables. Comment alors optimiser la fixation du pastel au support sans l’aide d’un fixatif ? Voici quelques réflexions autour de l’aspect technique et artistique d’une accroche du pastel non assistée !

1) Aspect technique : l’accroche du pastel au support
– Qualité du support
– Qualité du bâtonnet de pastel
– Travail de la couleur

2) Aspect artistique : la créativité de l’artiste (à suivre dans prochain message)
Observation d’un pastel de Vuillard
Observation d’un pastel de Riopelle

L’accroche du pastel au support

Qualité du support

Le support a une grande importance dans l’œuvre picturale car la façon dont il recueille et assimile la couleur fait partie du bâti de l’œuvre. Dans le cas du pastel, la qualité du support est fondamentale pour la fixation de la fugace poudre.

Support non lisse
Tout support non lisse retient la poudre du pastel : papier, carton, bois, plâtre… Certains supports ont des tramages adaptés à la spécificité du pastel ; texture douce : papier Ingres, papier vergé, Mi-teintes de Canson ; texture rêche : carton « Pastel card » de Sennelier, encollé de poudre de liège.

Un papier aquarelle à grain convient également. La richesse du pigment y est mise en relief, l’aspect laiteux du pastel s’y révèle ainsi que des transparences. Par ailleurs, si le pastel est étalé mouillé, il fait corps avec le support, une fois séché, à l’exception de petits amas de poudre agglomérée qui pourraient se détacher comme boue séchée par endroit.

Préparer le support pour donner plus de mordant. Exemple, enduire la surface d’un papier, de préférence épais, de poudres de marbre liées à une résine ou d’un Gesso prêt à l’emploi, texturé pour le pastel…

Le papier verre extra fin accepte volontiers la charge de plusieurs couches de pastel, au risque de restituer l’excédent de poudre. Un excès de rugosité, ne permet pas toutefois d’obtenir des nuances fines. Sauf, qu’il n’y a pas une vérité en art, mais autant de vérités que d’artistes ! Ainsi, la texture aux douces nuances des pastels de Quentin de la Tour peut-elle prendre appui sur un support enduit de poudre de verre bleu, dont la stabilité, par ailleurs, permettait de conserver sa pérennité à la couleur bleue du fond !

Couleur du support
De laisser par endroit transparaître la couleur originelle du support, engendre une couleur et un éclairage sous-jacent.

Marouflage
Maroufler (coller) l’œuvre au pastel, exécutée sur papier, sur un support rigide ou une toile, en consolide les pigments, mais l’opération est délicate. L’œuvre, une fois marouflée, accepte d’être retravaillée.

Qualité du bâtonnet de pastel

Les bâtonnets de pastel sont composés de pigments, d’une charge, la craie, et d’un liant (une colle, la gomme arabique généralement.) Chaque fabricant a ses propres dosages et secrets de fabrication.

Une part de colle importante consolide le bâtonnet et donne une poudre fine, légère. En revanche, les pigments d’un bâtonnet de pastel à « pulpe » tendre ont une faible quantité de liant, ce qui les rend friables mais dote leur poudre d’une texture couvrante et moelleuse.

Superposer les couches de pastel crescendo, de la plus fine à la plus chargée garantit une bonne tenue des superpositions. Par exemple commencer le travail directement à l’aide de pastel léger, tel Rembrandt de chez Talens ou d’une base avec d’autres médiums : fusain, craie, peinture… Superposer par exemple du pastel Sennelier dont la poudre très pigmentée est couvrante ou le pastel précieux à base de couleurs naturelles, minérales et végétales de l’Artisan Pastellier.
Terminer par des touches de pastel Schmincke, les plus veloutés des pastels et qui n’acceptent pas d’être couverts par d’autres poudres !

Travail de la couleur

La façon d’appréhender le pastel varie à l’infini de l’imagination artistique. Noter que, travaillé à l’économie, couches fines, notations, discrets rehauts, le pastel adhère plus sûrement au support.

Touches variées
L’inconstance de la poudre induit de multiples variations de textures. Superpositions de tracés, couches en aplats, estompe partielle ou totale, pastel insensiblement effacé par endroit, pastel gratté, frotté, humecté, étalé à l’éponge, gommé… Retirer de la couleur à la gomme mie de pain, dont la texture est agglutinante, permet aussi de faire adhérer la couleur résiduelle au support.

En cas d’estompage, veiller à exercer une pression légère pour faire pénétrer la poudre dans les pores du papier, sinon la surface risque de devenir glissante et donc impropre à recevoir de nouveaux apports de pastel. Un estompage délicat fixe la poudre au support, et sans perdre trop de luminosité.

Les contraintes obligent l’artiste à s’ingénier et partant à faire des découvertes. Comme dans tous les arts, c’est la partie obstinée du matériau qui révèle l’artiste à lui-même.

Monochromie
La monochromie évite la saturation des superpositions ! Le passage d’une couleur pure, éventuellement modulée de tonalités, se prête parfaitement à la nature du pastel toujours un peu porteur de l’idée du dessin de par sa substance poudreuse et la richesse de son trait. En outre, les teintes monochromes conservant leur intégrité réfractent la lumière en toute limpidité.
La bichromie ou usage de deux couleurs est, naturellement, bien tolérée par le pastel.

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Net/Magazine « Autour des auteurs »

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Publication d’une encre de Marie-Lydie Joffre dans le net/magazine n° 11 « Autour des auteurs »
en résonance avec le récit de Valéry Meynadier à propos du recueil de textes érotiques de Dorothy Allison « Peau ».

Valéry, croquis d’après nu modèle vivant
Encre de Chine et calame sur papier, 24 x 32 cm

Autour des auteurs =

l’association des auteurs du Languedoc Roussillon

Françoise Renaud écrivain est la rédactrice en chef du magazine

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Portraits de Saint-Just

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Présentation de 4 portraits de Saint-Just, pastels de Marie-Lydie Joffre
« sur le site de Louis-Antoine Saint-Just »

Saint-Just d’après Prud’hon, pastel 1988

Site nouveau, riche d’informations et de passion, consacré à deux Antoine
Louis-Antoine Saint-Just, le révolutionnaire
Louis-Antoine Saint-Just, incarné à l’écran par Patrice Alexsandre dans le téléfilm « Saint-Just et la force des choses »

Portraits de St-Just, pastels de ML Joffre :
sur le site anglophone saint-just.net
sur le site russe « Vive Liberta »

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Dessins à l’encre noire et à l’encre de couleur

Question de Sophie à propos de ses premiers dessins à l’encre :

…vous trouverez ci-joint quelques dessins à l’encre ( n’ayant pas de scanner en ce moment à portée de main, j’ai fait des photos et ça vaut ce que ça vaut.)
Je souhaiterais bien sûr que vous les commentiez. Merci encore pour votre disponibilité.

Commentaires, illustrés des encres de Sophie :

Interprétation

Encres habitées, empreintes d’humanisme. L’homme en symbiose avec la nature.
Questionnement métaphysique. Recherche d’une lumière intérieure. Quête mystique…

A) « Explosion de lumière » : les éléments, le temps, les saisons ! Les ailes des papillons, des anges. Visionnaire. Comme une apparition d’un chardon de Van Gogh ! Elévation de l’âme !

B) « Dessin 002 » : L’homme porteur de sa finalité, de ses angoisses existentielles. Les 7 Bourgeois de Calais ! Sculptural !

C) « Foule montagne » : métaphore de la condition humaine. Une fourmilière d’idéogrammes humains gravit la montagne. Pour y trouver la sagesse : montagne bouddha ? Le mythe de Sisyphe ?

D) « Homme-arbre » : une grotte de la Vierge creuse le tronc

A, B et C me paraissent être 3 œuvres fortes, révélatrices des facettes d’une sensibilité de peintre à la fois valoriste, expressionniste, et aimant l’écriture.

Le dessin noir à la plume sur fond blanc induit le figuratif. L’expérience vous dirigera peut-être vers une sorte de partition calligraphique plus abstraite.

L’appel de votre peinture à la contemplation, à la méditation donne envie de plonger dans une sorte de fusion avec la nature. Cet élan pourrait être inhibé par des encres figuratives trop réalistes.

Aspect technique

Les encres de couleur, à la flaque ou dispersées ou toute autre technique de recouvrement ou de jaillissement, semblent bien correspondre par leur côté léger, limpide, spontané à votre recherche des flux de lumière.

Vous appréciez les tonalités chaudes d’ensoleillement, notamment la gamme des jaunes, ocres, mordorés, feuille d’automne, ors… Vous aimez aussi l’obscur, le sombre.

« Œuf », le lavis à l’encre noire n’est pas très lisible sous les plis de la pochette plastique. Cependant, il ne semble pas doté de la dynamique que vous insufflez aux couleurs. Mais ce côté éteint n’est pas à négliger car il pourrait servir le mystère, l’apaisement, et de surcroît produire des contrastes intéressants, associé à la gamme ensoleillée.

Les lavis d’encre noire approfondissent par contraste les lavis de couleur.

NB
L’aquarelle et ses transparences s’accorde parfaitement en techniques mixtes avec les encres. Le crayon également. Mais a priori tout alliage à d’autres médiums nourrit l’encre.

Infos pratiques

Les peintres Symbolistes pourraient vous inspirer, le pastelliste Odilon Redon notamment.

Dans un tout autre domaine spirituel, je vous recommande la rencontre avec les dessins à l’encre de Chine de l’écrivain Henri Michaux Galerie Berthet-Aittouarrès

Essayez aussi de voyager au cœur de la peinture impressionniste de Monet, vous retrouverez dans ses éclairages ciel terre mer, un mouvement ondulatoire en affinités avec celui que vous portez dans votre « écriture » ! (j’ai plaisir à vous transférer un diaporama sur la peinture à l’huile de Monet)

Photos des œuvres :
A la prise de vue, ôter l’oeuvre de la pochette plastique, source de brillances et lumières parasites. Cadrer plus serré pour une meilleure qualité de l’image et, si possible, à angle droit…

Pour contacter Sophie
s.querinAROBASlapostePOINTnet

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La mer c’est le pied !

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La mer c’est le pied
j’ai pied dans la mer
marche dans la mer
ailes vagues
sable forteresses
sirène de sable
herbes des étangs
étincelles brillants
dans l’eau le sable
le soleil la lune

pointe son bec
l’oiseau dans l’herbe
Par-dessus la dune
s’élance dans les flots
le soleil se lève
ou est-ce la lune ?

Juillet 2006, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan -Vic la Gardiole, Hérault, France)

PastelLithe de ML Joffre

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Les chairs fragiles

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Les chairs fragiles
à toute épreuve
se resserrent
se desserrent
comme une fleur
au soleil s’ouvrant
à la lune se refermant
enferment la tiédeur
dans leur senteur

Jeudi 13 juillet 2006

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La poudre de pastel est-elle déconcertante ?


Réponse aux questions de Leszeck (voir toutes les questions)
Question :

Très attiré par le pastel, j’hésite néanmoins à franchir le pas car l’instabilité de la poudre me déconcerte quelque peu (comme l’eau en aquarelle.)

Réponse :

Peindre est une pratique d’ordre physique, empirique, et plus on se pose de questions avant de l’appréhender, plus on diffère le moment de l’affrontement avec le matériau, ce corps à corps indispensable à la création de l’œuvre.

Mais le physique et le mental s’influencent réciproquement et vous êtes possiblement pour l’instant dans la période d’expectative où un artiste ressent instinctivement l’impulsion du matériau qui lui conviendrait mais n’ose pas l’éprouver car il estime qu’il n’est pas prêt ; un peu comme pour différer le moment de la rencontre avec quelque chose de l’ordre du sacré ! En attendant, tout matériau fondera l’apprentissage d’une quête de vérité et il peut arriver qu’un jour le pastel s’impose à vous.

L’instabilité de la poudre, celle de l’eau, ouvrent la voie à l’aventure de l’exploration artistique…une terre à découvrir, une mer à prendre… !

Impression de ne pas maîtriser les effets.

Tantôt l’artiste domine la matière tantôt elle le domine, et l’œuvre naît de cette joute perpétuelle. Il est vrai qu’avec le pastel, l’artiste a plus l’impression d’accueillir et de s’adapter que de dominer le matériau ! Mais n’est-ce pas cet état de mise à disposition qui va lui permettre de se former à la matière, d’en pénétrer les secrets jusqu’à parfois l’inspirer ? A trop vouloir dominer on risquerait de ne plus se renouveler !

Le pastel tendre est composé de pigments presque à l’état pur car très peu modifiés par la nature du liant ou autre adjuvant, ce qui est une rareté en art pictural ! Cette spécificité fait l’étrangeté de la poudre du pastel : une touche lourde de matière n’est cependant accrochée aux pores du support que par un fil ! La poudre est légère, volatile, mais en couche fine elle adhère assez bien au support et sa trace, une fois fondue, a la ténacité opiniâtre du pigment !

L’instabilité de la poudre de pastel donne l’impression à l’artiste de manquer de prise sur le réel, de glisser dans les nues. D’autant que la capricieuse poudre a le pouvoir atmosphérique de faire passer d’effets de lumière subitement et irrémédiablement enterrés, à des effets de lumières magiques jaillissant du pur hasard d’une gestuelle !

On apprend alors à composer avec le matériau, et de façon inédite, vu la grande diversité des textures que les riches pigments du pastel induisent. Ainsi, l’instabilité de la poudre va-t-elle mobiliser l’artiste pour l’aventure.

Le pastel, matériau primaire, porte en gestation des ressources très diversifiées :
Le bâtonnet offre l’intensité directe de sa couleur pure. En fonction de la pression sur le bâtonnet, la couleur peut soit avoir la légèreté d’un souffle jusqu’à laisser percevoir la trame du support, soit être plus ou moins couvrante et opaque.
Deux couleurs superposées n’apportent pas toujours les nuances exactement souhaitées, mais en revanche souvent la surprise de tonalités inespérées en luminosité. Les couleurs étalées peuvent être fondues par estompage.
Le bâtonnet peut être utilisé sur le chant pour tout graphisme. En superposition, les traits ouvrent la voie à des effets optiques de matière et de profondeur.

Et le pastel n’a pas encore dévoilé qu’il se prêtait avantageusement aux techniques mixtes ! Sous forme de rehauts, le trait de pastel nourrit généreusement une œuvre de sa riche texture. En contact avec des médiums à bon pouvoir d’accroche au support, le pastel se stabilise en incandescent parasite !En outre, le pastel est un médium dont la facture est aussi expressive en dessin qu’en peinture ! Quelques traits sur une feuille et jaillissent opulence de substance, intensité de coloris, vibrations de lumière. Puissant est le trait de pastel d’un dessin spartiate ! Quand la poudre recouvre complètement le support, à la manière de la peinture, un excès de riche matière risque à la limite de s’annihiler.

Voici quelques exemples d’innovations à partir d’oeuvres de peintres à sensibilité intimiste : Chardin, Degas, Redon, Rouault.

Jean Siméon Chardin

Autoportrait au crayon, 1775 – 1779. Pastel sur papier bleu.
Musée du Louvre, Département des Arts graphiques (Image en provenance de www.insecula.com)

« On se sert des couleurs mais on peint avec le sentiment !» ChardinVenu tard au pastel, Chardin a l’autorité pour le prendre d’assaut en toute hardiesse, à l’encontre de la séduisante texture raffinée des pastels académiques du XVIII° siècle, souhaitant démontrer l’égalité hiérarchique pastel – peinture à l’huile. (Rosalba Carriera, Quentin de la Tour, Perroneau, Liotard …)

Le « sentiment » de Chardin devait être puissant étant donné la force de ses touches de pastel individualisées, laissées à l’état brut, épaisses, carrées, et juxtaposées à des surfaces non estompées, donc propres à la palpitation du grain pigmenté.

Les innovations techniques de Chardin sont aussi probablement liées pour une part à sa vue devenue très déficiente, qu’il compensait, de la sorte, par des effets audacieux de couleur-matière. Pour des raisons analogues, Degas aussi se débridera dans le pastel.

Cet autoportrait recueilli, tout en pénombre, est l’une de ses dernières oeuvres. Le regard, déjà détaché du monde, frappe pourtant celui du spectateur de façon déterminée en signe bienveillant de transmission. Des éclats écrasés de rouge vermillon sur les mains et sur des parties du visage, contrastés de lueurs bleues et vertes, préfigurent le fauvisme et les coloristes de la peinture moderne de Jawlenski à de Staël.

Et en exergue du portrait, né de la main de l’artiste, le rouge ardent de ce bâtonnet de pastel, chargé de silence fervent comme une main éclairée à la bougie dans une peinture de Georges de La Tour ! Pierre Rosenberg (Historien d’art) commente ainsi la symbolique du bâtonnet « Dans son dernier pastel, Chardin utilise une seule tache rouge représentant un crayon de couleur. Une manière de dire : jusqu’à la fin, c’est avec cela que je m’exprimerai. »

Edgar Degas

Femme s’essuyant les cheveux, pastel, vers 1905-1910
71.1 x 62.2 cm, Norton Simon Foundation, Pasadena
(
Image extraite du livre « Degas, les nus » de Richard Thomson. Nathan)

La matière des pastels de Degas est constituée de lignes, le dessin étant primordial chez lui. Degas peut multiplier les superpositions de poudre du pastel car il en fixe chaque couche. Des réseaux de vives hachures, enchevêtrées par le biais des superpositions, créent profondeurs, transparences, reflets nacrés, toute une épaisseur luxuriante comme la chair domptée d’éclairs des nus tardifs.

Le nu observé ici semble outrepasser les limites dissonantes des couleurs coutumières du peintre. Degas, en sa vue affaiblie, se laisse aller à l’abandon de tout perfectionnisme sur ce modèle dont il a exécuté auparavant des séries jusqu’à la saturation ! Noter combien les biffures rageuses au pastel lactescent s’éclairent de lustre sur les trames hachurées de demi-teintes sombres des sous-couches.

Le nu prend alors son autonomie vibratoire et les deux pans de la serviette blanche s’ouvrent comme une coque de mer sur un nu rose cuisse de nymphe, discordant sur le fond saumoné, hachuré rose et jaune, de la tapisserie !

Odilon Redon

Jeanne d’Arc, vers 1900 Pastel, 27.5 x 52 cm.
Musée d’Orsay, Paris (Image extraite du livre “Redon” chez Taschen, 1995)

Les contours incertains de l’œuvre au pastel conviennent à Redon, peintre de l’intériorité. Effets fugitifs, évocateurs, modelé diffus, texture éphémère. « Mes dessins inspirent et ne se définissent pas. Ils ne déterminent rien. Ils nous placent, ainsi que la musique, dans le monde ambigu de l’indéterminé »

Chez Redon le pastel effleure le support. C’est le cas de ce portrait symbolique de Jeanne d’Arc. Une couche de pastel à main levée suffit à faire vibrer la couleur. La poudre rouge Cadmium posée sur le support de papier noir, contrastée dans les interstices de quelques ponctuations Outremer et ensoleillée d’un peu de jaune par endroit, ruisselle de lumière ; le rouge devient une forêt de magma sur laquelle se découpe le profil impassible du sujet coiffé d’un chignon d’abondance phosphorescent d’entrelacs ciselés comme un vitrail de feuilles, (y médite une divinité dans la nature ?) finalement voilés d’estompe et d’une nuée de sulfate !

D’autre part, la simplicité de la composition donne intemporalité à l’œuvre. Profil émergeant d’une fresque de Piero della Francesca ou d’une bande dessinée moderne ? La bulle soufflée, pastellée sans fusion, à même le fond noir, reluit comme un cristal de voyance ; descend du ciel profond en poisson cosmique !

Georges Rouault

Le chahut, 1905 – Aquarelle et pastel, 71 x 55 cm.
Musée d’Art moderne, Paris
(Image extraite de “Rouault” by Bernard Dorival, Flammarion 1992)
Le pastel apprécie d’être travaillé en techniques mixtes. Il bonifie d’autres techniques, que ce soit en rehauts ou en mixité. De plus, travaillés en mélange avec d’autres médiums, notamment aqueux, les pigments bénéficient d’une bonne adhérence au support.
« Le chahut » est une œuvre enlevée, dessinée dans une farandole d’eau et de poudre. En crête de vague, surgit la férocité de la danseuse en un tournoiement de lacis lancés à l’aquarelle et de dispersion de pastel bleu persan et mauve rougeâtre.

 

Du pastel vient pondérer cette envolée tantôt traversé d’aquarelle à la flaque, tantôt recouvrant par endroit des plages aquarellées, de rehauts nerveux. Les deux médiums se boivent l’un l’autre, jusqu’à brouiller les pistes, sauf quand le pastel est essaimé en transparence sur des réserves blanches du papier.

Quelques interrogations sur la technique du pastel sec

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Programme

Questions de Leszek.



Très attiré par le pastel, j’hésite néanmoins à franchir le pas car l’instabilité de la poudre me déconcerte quelque peu. (comme l’eau en aquarelle)

Impression de ne pas maîtriser les effets.

Peut-on superposer plusieurs couches sans les fixer, certains artistes expérimentés opèrent de cette manière.

Avec quelques échantillons j’ai tenté l’expérience, mais rien de probant : la poudre se mélange et ne donne pas la nuance recherchée.

De plus, j’ai l’impression que le pastel est un art d’une image approximative, peu détaillée. Plutôt un travail en grandes masses de couleurs.

Et pourtant j’ai déjà vu des réalisations très détaillées. (les crayons pastel ou les craies sont certainement les outils qu’il faut pour les détails)

Peut-on réaliser une oeuvre en utilisant uniquement les crayons pastel ? Quelle en est la qualité des pigments ?

Je travaille exclusivement avec des crayons de couleur et j’ai tendance sans doute à rechercher le même résultat avec le pastel…

Voici quelques premières questions que je me pose et qui me font hésiter à me lancer.

Ces questions seront traitées dans les messages suivants :

1 – La poudre de pastel est-elle déconcertante ?

2 – Comment superposer les couches de pastel sans les fixer ?

A) Aspect technique : l’accroche du pastel au support

B) Aspect artistique : la créativité de l’artiste

3- Le pastel : art d’une image approximative peu détaillée ?



4 – Comment obtenir des détails au pastel ?



5 – Peut-on réaliser une œuvre aux crayons pastel uniquement ?

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