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La sélection des croquis, la composition, le scénario ont été réalisés par la poète québécoise Huguette Bertrand ; elle a par ailleurs écrit les poèmes à partir des croquis. |
Tous les croquis ont été exécutés d'après modèle vivant :
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Dans la plupart des croquis présentés, les poses de Valérie, le modèle, n'excèdent guère une
minute. La rapidité d'exécution empêche de définir la forme au préalable et ainsi, le trait libéré
des limites de la réflexion accède à sa totale expression.
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Comment « tailler » le corps dans la masse ? |
En aplat, le bâtonnet de craie cerne le tracé du corps par l'extérieur, pose des ombres à
l'intérieur du corps ou combine les deux. Les contours naissent de la matière apportée par
l'aplat comme si le nu était modelé dans l'argile. Lors du passage de l'aplat, exercer une
pression forte des doigts en bout du bâtonnet. La partie plus sombre ainsi obtenue souligne un
volume.
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Les lignes aériennes sont hâtivement tracées à la pointe du bâtonnet. Elles semblent apporter une dimension supplémentaire au nu, apparentée aux branches ou à la danse.
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En outre, le nu est enveloppé dans un étui de chair sensible grâce aux pigments de sanguine ou de craie, quelquefois au mariage des deux pour plus d'intensité. Seuls quelques accents légers de poudre en aplat suffisent à faire vibrer la lumière.
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« Il ne faut pas imiter l'arbre, il faut monter avec l'arbre » |
Matisse |
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Assise auprès de l'arbre dénudé, la plus belle des sculptures, je le respire, et ressens l'urgence de pénétrer son magnétisme par des croquis en série, pour une approche toujours renouvelée. |
Guidé par l'ascension du regard amoureux sur le tronc et les branches, le bâtonnet glisse en larges aplats sommaires et directs de la racine vers le ciel. La pression modulée du bâtonnet, forte ou caressante, faisant naître spontanément au gré de l'émotion, ombres et lumières. |
Des lignes alertes obtenues à l'aide des pointes ou de l'arrête du bâtonnet, soulignent la vigueur des branches. |
Parfois l'arrête du bâtonnet s'élance en vrille comme pour ciseler rides d'écorce, blessure béante, cicatrice lippue; autant de tentatives d'exploration du mystère de la vie cachée au sein de l'arbre. |
Enfin quelques notations arachnéennes à la plume et encre de Chine apposent leur noire dentelle sur l'argenture du graphite. Fragile calligraphie, puissante robustesse de l'arbre ! |
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Les danseurs de Tango Argentin (graphite)
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Ce qui m'intéresse c'est essayer de capter les vibrations du couple de danseurs tournoyant dans la musique. Je ne sélectionne pas tel ou tel, je « croque » sur le vif celui qui passe sous mes yeux ! Et je danse le tango avec la main, prolongée du bâtonnet de graphite qui trace les méandres enchevêtrés des mouvements, au tempo de la musique... |
Les lignes et courbes féminines, l'ébauche d'une main masculine protectrice ou d'un talon aiguille virevoltant jaillissent de l'inflexion des pointes glissantes du bâtonnet. |
L'aplat ou bien la tranche du bâtonnet consolident la structure symbiotique du couple et notamment l'architecture enveloppante de l'homme. |
Je ne m'autorise pas à « compléter » le croquis d'imagination ou en prenant modèle sur un autre couple. Le croquis dans pareil cas perdrait sa vérité intrinsèque. |
J'ai la conviction qu'être à l'écoute du modèle vivant, c'est se ressourcer à l'essentiel ! |
Enfin, ces croquis tout en tension libérée suffisent peut-être à faire partager une parcelle de la vitalité spirituelle des nus, arbres, danseurs ? |
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