Le pastel se prête aux détails en fonction de la technique de l’artiste.
Par exemple, si les couches de pastel sont fines ou estompées elles accueilleront convenablement tout complément de poudre. Si la surface est travaillée aux traits, elle fera naître tout naturellement des détails fondés sur la superposition des couches en réseau.
La fixation du pastel, bien entendu, permet des réalisations très détaillées. Quentin de la Tour atteint des sommets de virtuosité dans les détails de matière et de texture.
Ci-contre le portrait au pastel de Madame de Pompadour. Format 1,75 x 1,28 m. La composition du fixatif de très bonne qualité utilisé par le pastelliste n’est pas connue.
Par ailleurs, il y a des alternatives, des dialogues d’artiste avec son matériau pour nourrir son oeuvre de foisonnement sans forcément accumuler les détails.
Ci-contre le pastel de Vuillard, place Vintimille : dans le grain de la poudre rapidement dispersée, dans la facture de la poudre du bâtonnet qui diffuse ou qui se fait poreuse comme du cartilage, on peut imaginer des frémissements de matière toujours renouvelés.
L’impétuosité des traits parvient à nourrir, enrichir le pastel comme s’il était très circonstancié ! Les extrêmes se rejoignent parfois !
En outre, le recours à des techniques mixtes (techniques mixtes = utilisation de plus d’une seule technique pour la réalisation d’une œuvre) enrichit le pastel et par conséquent conforte les détails. Voir ci-dessous des exemples de pastel travaillés avec gouache, craie, crayon
La technique des dessins de la Renaissance à la sanguine ou à la pierre noire, rehaussés de gouache, sied au pastel. Des rehauts de peinture au trait émaillent les pastels du XVIIIe siècle. Rosalba Carriera, une des premières portraitistes, donne relief à tel détail lissé de ses pastels très estompés, ornements d’un décolleté ou d’une cravate, au moyen d’éclats de gouache blanche.
Les craies légèrement grasses, comme la sanguine ou le graphite, adhèrent bien au pastel. De plus le trait acéré sur la pointe ou l’arête du bâtonnet de craie se prête à la finesse des détails.
En principe les traits au crayon sont un bon complément structurel à l’indécision de la poudre de pastel. Les crayons pastel manquent un peu de corps et de contraste pour le tracé de détails précis. Le crayon noir est plus résolu.
Beaux contrastes à la luminosité, les ombrages, approfondis de lignes au crayon noir.
L’alliage des crayons de couleur et des pastels sur papier gris procure une grande douceur à l’œuvre donnant ferveur à la dynamique des tracés affilés des herbes et frondaisons.
Les détails au pastel conservent l’esprit singulier du matériau. Au pastel, l’indécision ! La couleur qui paraît être en lévitation, insuffle aux oeuvres une sorte de distance de noblesse.
La poudre est bien là, dans l’intimité de sa sensualité, mais en même temps elle reste secrète, distante, un peu réfractaire à la précision ; velours de la fugacité du rêve, elle papillonne vers un ailleurs subtil à la manière de la poussière dans un rayon de soleil...