3 réponses :
Effet néfaste sur le velouté de la texture, lustre indésirable, altération des couleurs et chute des tonalités.
De plus, la force du pastel résidant dans l'inaltérabilité du pigment, le fixatif de par sa nature chimique va faire évoluer, à la longue, celle du pigment.
Enfin, lors de la fixation, des particules de poudre de pastel peuvent se déplacer.
Dans ce cas, on a tendance à rechercher le fixatif idéal et ces recherches ouvrent la voie à d'autres aventures.
On devient familier avec les pigments ce qui permet des interventions personnelles sur leur nature et la découverte de nouvelles richesses : techniques mixtes, pigments naturels etc.
Un moyen terme pour assurer une accroche des pigments plus solide et ne pas nuire à l'effet peau de pêche du pastel, c'est la fixation intermédiaire. La dernière couche de pastel n'étant pas fixée.
La fixation au cours du travail autorise de plus des effets de matière en épaisseur.
Degas travaillait beaucoup par fixation successive de couches, quelquefois en très grand nombre, ce qui lui permettait par exemple d'utiliser le papier calque comme support.
Un principe : pas de frottement. Pour le transport, en sandwich entre deux feuilles de contreplaqué bien serrées, pour des formats de même dimension.
Utiliser deux panneaux de contreplaqué d’épaisseur entre 3 et 5 mm et de format légèrement supérieur au format raisin. On trouve ce matériau à la coupe dans les supermarchés qui débitent du bois. Ce "sandwich", maintenu scotché avec du papier gommé, permet de conserver à l’intérieur, à l’abri de tout frottement, les oeuvres sur papier de format raisin.
Même protection. Une vingtaine au moins de pastels sur papier peuvent être conservés entre deux feuilles de contreplaqué.
Encadrée sous verre avec un passe partout d'épaisseur minimum 4 mm de façon à isoler l'oeuvre du contact avec la vitre.
Hélas, il n'existe pas de fixation idéale. Même les fixatifs de bonne qualité changent les tonalités, font perdre au pastel son velouté et ont tendance à figer l'oeuvre.
Comme fixatif "naturel", vous pouvez essayer de la gomme arabique diluée à laquelle vous ajoutez un peu de glycérine pour l'empêcher de craqueler et une trace d'agent conservateur (bactéricide et fongicide).
Pour la pulvérisation, ce ne sera pas simple : il faudrait utiliser un fixateur à bouche.
Autre solution, l'emploi de fixatifs non apparentés aux Beaux Arts, et détournés de leur usage spécifique. Par exemple, le polyuréthane à répandre sur l'oeuvre au pistolet en fine pulvérisation.
La fixation se présentera alors comme une pellicule inaltérable et imperméable mais les pigments de pastel adhéreront fortement à la résine et auront tendance à se détacher du support. Expérience nouvelle qui peut conduire à de nouvelles découvertes.
Au fur et à mesure du travail, il vous viendra des idées de conservation personnelles, comme, par exemple, essayer de mélanger pastel et gouache ou pastel et acrylique etc. Utilisée en technique mixte, la texture du pastel est renforcée.
Vous pouvez aussi tester les pastels gras qui ne nécessitent pas de fixation.
L'encadrement est l'éternel problème du pastel.
Le tableau doit être encadré sous verre. Le plexiglas ou équivalant ne convient pas car les particules de pigments sont attirées par électro-statisme contre le plexi.
En revanche, une fois fixé, le pastel peut être recouvert de plexiglas ou autre verre synthétique.
Pour la défense du verre, je dirais que les reflets sont gages de vie. Ils apportent à l'oeuvre des lectures toujours renouvelées. Le paysage environnemental reflété entre en symbiose avec l'oeuvre comme un supplément d'âme. De plus, les reflets sollicitent la mobilité du spectateur qui doit faire un effort pour "mériter" l'oeuvre.
Sous verre, l'oeuvre est comme enchâssée. Evidemment, le spectateur perd le contact physique direct avec l'oeuvre, mais il gagne sur le plan de la contemplation car l'éloignement favorise un accès à l'oeuvre plus mental et spirituel.
Tous les musées du monde utilisent le verre pour l'encadrement des oeuvres sur papier mais également, et de plus en plus, pour protéger les peintures, les fresques et les sculptures. On devient ainsi familier de cette présentation de l'art en vitrine qui renforce le côté rare et unique de l'oeuvre.
Enfin, pourquoi, à la limite, ne pas utiliser le verre précisément pour ses qualités intrinsèques ? Une oeuvre au pastel recto verso prise entre deux plaques de verre incassable et posée sur un support dans l'espace, telle une sculpture ?
J'utilise des verres de 2 - 3 mm d'épaisseur, transparent blanc et non vert. Jamais de verre synthétique car il attire les pigments par électro statisme.
Le verre n'est pas fragile lorsqu'il est encadré.
La question de la couleur du passe-partout est une affaire de goût. Difficile de conseiller sans voir l'oeuvre.
En cas d’hésitation, tabler sur du neutre. Par exemple, un gris ou un bis ou bien une couleur foncée discrète qui rehausse les tonalités de l’oeuvre.
Le cadre intervient également dans le choix. Là aussi, opter pour du classique : un bois clair naturel par exemple ou une fine baguette métallique.
Le blanc ou des couleurs très claires sont à éviter car ils attirent trop l’attention.
Dans les arts plastiques, le support joue un rôle aussi important que le médium et l'outil. Dans l'art du pastel, le support a un rôle essentiel.
L'expérimentation est la meilleure méthode pour discerner ce qui est compatible avec sa propre sensibilité artistique. Examinons les supports que vous citez et quelques autres.
Le papier à surface rêche, comme le papier verre ou le "Pastel card", accroche très bien le pigment et permet la superposition de couches de pastel, mais par ailleurs, freine l'expression des nuances, et l'aspect final de l'oeuvre conserve un côté un peu sec. Si ce support retient, il restitue aussi beaucoup de poudre ; ne pas hésiter à le tapoter fermement pour en libérer l'excédent. Eviter la fixation par crainte de la détérioration des fines particules de liège ou autre matériau rugueux appliqués sur le carton de base du support.
A l'opposé, texture très douce que celle du papier velours. Ce papier recouvert d'un duvet synthétique a une consistance flasque, ce qui induit le bâtonnet de pastel au dérapage. En outre, il capte la poudre de pastel superficiellement dans sa " fourrure " et donc la restitue en abondance ce qui fait perdre de la qualité à la touche. Il n'autorise ni nuances ni détails, et l'oeuvre définitive a un effet artificiel. La fixation risquerait d'endommager le " feutré " du papier et d'accentuer le côté figé de l'oeuvre.
Le papier Ingres est plus adapté aux fusains et aux craies qu'à la charge du pastel, notamment le papier de grammage léger 125g/m². Excellent pour les esquisses, sa surface vergée confère une architecture discrète et cependant du corps au moindre tracé du dessin. Une telle surface n'est pas utile au pastel car elle sera cachée par la densité de l'opaque poudre veloutée et dans le cas contraire, si la couche de pastel est fine, le vergeures régulières risquent d'être un obstacle linéaire à la magie de la surface pastellée.
Avez-vous essayé le papier Mi-Teintes de Canson ? Il existe en de nombreux coloris et la texture du papier variant sensiblement en fonction du coloris, ouvre la voie à un vaste champ d'exploration. Le grammage du papier est relativement léger, 160g/m². Cependant on retrouve ce papier Mi-Teintes collé sur carton rigide, matériau destiné en principe à l'encadrement.
Le papier « Mémoire du pastel » de Sennelier est un papier épais de belle qualité qui mérite son nom car il retient efficacement la moindre trace de craie. La tenue ferme, le contact tactile, l'intensité et la discrétion des coloris encouragent à dialoguer avec la tonalité du papier et à jouer de plages non peintes.
Le papier aquarelle se prête bien au pastel. Le pastel sur la blanche surface grenue du papier prend des tonalités laiteuses et parfois des effets d'aquarelle.
Cependant la consistance des couleurs est moins riche que sur un papier coloré. On y remédie en personnalisant la surface du papier aquarelle. La teinter de lavis d'aquarelle, acrylique ou encre, de pigments ou de poudre de pastel dilués à l'eau gommée, la couvrir d'un gesso, base vinylique conçue pour le pastel, y incorporer éventuellement des poudres de marbre ou de nacre pour enrichir la matière, etc.
On peut aussi travailler sur le papier aquarelle avec le bâtonnet de pastel mouillé ou inversement avec le bâtonnet sec sur le papier mouillé.
Mis à part l'archivage à l'abri de l'air et de la lumière, il n'y a qu'une solution pour préserver l'oeuvre au pastel : l'encadrer sous verre. Même si l'oeuvre est fixée, compte tenu qu'une fixation n'est jamais efficace à cent pour cent, et que le support papier est fragile, il est recommandé de protéger sous-verre également les pastels fixés.
Tous les pastels peuvent être fixés, sauf dans quelques cas d'incompatibilité avec certains supports. Le problème est qu'un pastel perd une partie de sa force d'expression à la fixation, et que le fixatif est sensible au vieillissement. Ce côté évolutif de l'oeuvre cependant peut trouver des adeptes. L'encadrement sous verre, s'il modifie légèrement les tonalités du pastel au regard, en revanche ne lui fait subir aucune altération.
Probablement qu'en fonction de l'éclairage le travail perd de sa valeur mais il la retrouve, il ne l'a pas perdue définitivement ! L'oeuvre est vivante, donc perpétuellement changeante et le fait de la voir " en vitrine " participe de cette vitalité. On prend l'habitude de regarder de façon plus active les oeuvres mues par les reflets du verre.
C'est aussi la finalité de la poudre du pastel d'être insaisissable, et éphémère comme la poussière. Etaler la poudre de pastel est un acte de création sensuel, mais l'oeuvre une fois créée échappe comme un papillon, dont on ne peut pas toucher les ailes sous peine de les endommager, mais qui demeure une joie pour l'oeil et l'âme.
Le pastel se travaille sur tout support non lisse : le papier, le carton, le bois, l'aggloméré, etc. ou tout support au gré de l'imagination préparé avec un enduit rugueux.
Sur la toile de lin enduite, tendue sur châssis, la poudre de pastel aura quelques difficultés d'ajustement. Elle perd en ductilité et luminosité. Le bâtonnet de pastel est déstabilisé sur la surface toilée. D'un côté il est freiné par le relief de la trame, de l'autre il dérape sur l'enduit qui encolle la toile... La poudre s'incruste dans le textile. Parfois des particules de poudre passent au travers ou forment des amas entre les fibres de la toile.
Fixer le pastel définitif sur la toile de la même façon que sur papier, à l'aide d'un fixatif Beaux-Arts en aérosol. Pulvériser du fixatif également sous la toile, au verso de l'oeuvre.
Le pastel peut être travaillé mouillé sur la toile. En séchant les couleurs baissent de tonalité et auront tendance à s'écailler.
La toile est préparée à l'intention des peintures malléables comme l'huile ou l'acrylique. Les superpositions de couches de pastel sur la toile sont difficiles à obtenir à moins de les fixer au fur et à mesure du travail.
Pour améliorer l'accroche du pastel sur le support toile, passer par exemple une couche de gesso sur le support avant le travail au pastel.
Lorsqu'on travaille au pastel sur la toile, l'éventail des possibilités techniques étant assez réduit, il vient souvent à l'idée de peindre directement par dessus la composition au pastel à l'aide de peinture à l'huile. De là à découvrir les potentialités illimitées de la peinture à l'huile, il n'y a qu'un pas !
Autre alternative parfaitement adaptée à la toile : le pastel à l'huile. Il se présente sous forme de bâtonnet à la consistance onctueuse. Il a une très bonne accroche, même sur support lisse au demeurant. Technique de création directe comme le pastel sec, les couleurs se manipulent à l'état brut sur le support. Le pastel à l'huile ne tolère pas trop les superpositions de couches, en revanche les couleurs posées en contrastes ont des éclats intenses de céramique.
On peut aussi le traiter à la manière de la peinture à l'huile, le diluer à l'essence de térébenthine, faire des lavis à l'huile de lin, l'étaler au chiffon. On peut le chauffer et après chauffage le sculpter, l'incruster de pigments, de poudres abrasives, de sable ou autre matériau. L'oeuvre définitive doit être fixée ou encadrée car le pastel à l'huile étant composé en partie de cire, garde une consistance un peu moite.
Si vous éprouvez des réticences au papier, et à l'encadrement sous verre, c'est peut-être que vous êtes attirée par des techniques qui ont plus de mordant et de stabilité que le pastel. Votre choix de la toile semblerait le confirmer. Avez-vous déjà essayé la peinture à l'huile ou l'acrylique ? Avez-vous essayé de peindre à la détrempe, c'est à dire aux pigments détrempés avec un peu d'eau dans laquelle on a ajouté une colle ? Cette technique (qui remonte à l'Egypte ancienne), aux belles tonalités pratiquement inaltérables se rapprocherait le plus du pastel, puisque le bâtonnet de pastel est composé de pigments liés entre eux avec de l'eau gommée. Et ces peintures ne nécessitent ni fixatif ni encadrement sous verre...
Récapitulatif des matériaux cités :
Je ne sais pas quelle marque de pastel vous utilisez, mais je vous donne une réponse d'ordre généraliste.
Les pigments du pastel à l'huile sont liés à l'huile, souvent enrichie de cire pour l'obtention d'une texture crémeuse. (Pastels à l'huile Sennelier par exemple).
Le pastel ainsi augmenté, la cire ne séchant jamais à coeur, il n'est pas recommandé de fixer l'oeuvre, quelque soit la composition du fixatif choisi, quand bien même vous passeriez, ce qui n'est pas toujours aisé sur une surface irrégulière, un vernis gras et au pinceau, garantissant la règle d'or incontournable du "gras sur maigre".
L'oeuvre, une fois vernie, serait protégée des agressions et des poussières, mais la pellicule de fixatif l'isolerait des échanges naturels entre couches de peinture, et de plus l'humidité du pastel serait maintenue.
En effet, le travail à l'acrylique sur toile fonde en sous-couche une étanchéité en tant que résine synthétique, laquelle reçoit la charge lourde du pastel à l'huile, lequel à son tour une fois fixé, devient prisonnier ! Le pastel moite, ainsi barricadé entre deux surfaces imperméables, pourrait à la longue écailler le film acrylique.
Une solution consisterait à ne pas vernir, et à mettre sous verre l'oeuvre dans un encadrement aéré, muni d'un passe-partout pour éviter le contact avec la vitre et respecter une ventilation naturelle.
Les compatibilités des techniques mixtes ne peuvent s'exercer que suite à tests nombreux investis par l'artiste. Il y a autant de façons d'appréhender la matière que de points de vue, et c'est particulièrement dans l'adversité que l'on fait siennes les inflexions du matériau...